Dans les supermarchés, les carottes alignées dans les rayons ont poussé tout droit. Elles sont entières, sans fentes et mesurent moins de 24 centimètres. Ce n’est pas un hasard: pour atteindre ce niveau de perfection, le tubercule qui finira dans l’assiette obéit à une vingtaine d’exigences détaillées dans les Prescriptions suisses de la qualité pour les légumes, ainsi qu’à des directives concernant leur taille et l’uniformité de leur aspect. Il en va de même pour 106 autres légumes de consommation courante.

Ceux qui ne remplissent pas ces critères finissent au compost. Les maraîchers n’ayant pas d’autre canal de distribution n’ont en effet aucun intérêt à récolter les courgettes, tomates et autres choux-fleurs impropres à la vente. En 2019, une étude de l’EPFZ a révélé que 7500 tonnes de nourriture pourrissent ainsi dans les champs chaque année, soit 11,6% de la production de légumes frais et 16,1% de légumes de garde. Christian Sohm, directeur de l’association de la branche Swisscofel, estime que, même si on assouplissait les prescriptions, les consommateurs bouderaient les produits inesthétiques. dm / rm / chr