Tout le monde connaît le dicton: «Le matin, mange comme un roi, à midi comme un prince et le soir comme un pauvre.» Souvent repris dans le cadre des régimes alimentaires, il n’est pas exclu non plus par certains spécialistes de la nutrition, qui estiment que le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée.
Pourtant, les preuves scientifiques manquent sérieusement. La tendance est alors d’interpréter avec une certaine logique: si on est en surpoids et que l’on n'a pas faim, autant sauter cette première étape pour perdre les kilos superflus, tandis que si on affiche un poids normal, mieux vaut s’y tenir.
Eh bien pas du tout, nous apprend une récente étude* menée par des chercheurs anglais! Pour en arriver à une telle conclusion, ils ont réparti 70 adultes de poids normal et obèses dans différents groupes, certains observant un jeûne nocturne prolongé (pas de repas avant midi), d’autres consommant au moins 350 kcal dans les deux heures suivant le réveil et au moins 700 kcal avant 11 heures. Or, ils n’ont remarqué aucune évolution du poids après six semaines, que le petit-déjeuner soit consommé ou non!
Trois observations
- L’étude démontre que les personnes avec un poids normal et qui ne prennent pas de petit-déjeuner ont logiquement un apport énergétique moindre, soit 540 kcal en moins chaque jour. Mais cette différence est peu significative, voire inexistante chez les obèses. Il existe donc vraisemblablement un mécanisme de compensation qui leur est propre!
- Prendre un petit-déjeuner ou non n’influence presque pas les principaux besoins énergétiques de notre corps, ceux du métabolisme de base (besoins incompressibles pour le bon fonctionnement du cœur, du cerveau, de la respiration, de la digestion, etc.) et ceux de la thermogènèse alimentaire (transformation des aliments en énergie dans le corps).
- Tel n’est pas le cas pour l’activité physique quotidienne. L’étude démontre, en effet, que les personnes qui prennent un petit-déjeuner vont instinctivement l’augmenter de 440 kcal pour les personnes avec un poids normal, mais de 190 kcal seulement pour les obèses.
En conclusion, les scientifiques renoncent à confirmer ou infirmer le dicton. Mais ils déconseillent aux personnes en surpoids de sauter le petit-déjeuner puisqu’on observe une réaction visant à compenser les calories sur la journée et une baisse de l’activité physique afin de maintenir une balance énergétique positive. La prolongation du jeûne nocturne ne favorisera donc certainement pas une perte de poids…
Christian Chevrolet
* The effect of breakfast on appetite regulation, energy balance and exercise performance, David J. Clayton, Lewis J. James