Obtenir le droit de conduire une automobile coûte cher. Et c’est encore plus vrai depuis l’introduction du permis à l’essai à la fin de 2005: les nouveaux conducteurs ont, aujourd’hui, l’obligation de suivre une formation complémentaire dans les trois ans qui suivent la réussite de l’examen pratique. A elle seule, cette étape supplémentaire fait doubler le prix du sésame, leçons de conduite non comprises.
Tout nouveau conducteur va ainsi débourser entre 1200 fr. et 3400 fr. pour obtenir son permis de conduire (catégorie B), en fonction de son canton de domicile et du nombre d’heures d’auto-école nécessaires. Et à condition de le réussir du premier coup! Comment en arrive-t-on là?
Première étape: obtenir le permis d’élève pour pouvoir se lancer dans la conduite accompagnée. Avant de déposer la demande, il faut avoir suivi un cours de premiers secours, ce qui peut être fait même avant ses 18 ans. Il faut aussi, bien entendu, avoir réussi l’examen du code de la route. Mais, à condition de potasser les règles de la circulation de manière autonome, on peut se passer des cours de théorie dispensés par la plupart des autos-écoles.
40 heures de conduite avant d’être prêt
Deuxième étape: l’apprentissage pratique de la conduite, généralement la plus longue et la plus coûteuse. Son prix varie toutefois beaucoup en fonction du nombre de leçons nécessaires au candidat. Rappelons qu’aucune heure de conduite avec moniteur n’est obligatoire avant de s’inscrire à l’examen: celui qui a la chance de pouvoir compter sur papa et maman, ou sur un ami plus âgé – trois ans de permis et 23 ans au minimum – peut donc réaliser des économies substantielles.
Dans les faits, pourtant, rares sont ceux qui ne passent pas du tout par la case auto-école avant le test pratique. «Nos moniteurs estiment qu’il faut 40 heures de conduite avant d’être prêt, estime-t-on à l’Auto-école de la Servette (GE). De nombreux élèves prennent un forfait de dix leçons: cinq au début de leur apprentissage, afin d’acquérir les bons automatismes, et cinq autres juste avant de s’inscrire à l’examen.»
Dans tous les cas, il faut réussir le test dans les deux ans qui suivent l’obtention du permis d’élève conducteur. Pendant ce laps de temps, il est obligatoire de suivre un deuxième cours théorique, celui de sensibilisation au trafic routier.
La réussite de l’examen pratique ne marque pas la fin du parcours. Dans une troisième étape, les nouveaux conducteurs doivent suivre un dernier cours obligatoire dans les trois ans qui suivent l’obtention du permis. Donnée sur deux jours, cette formation – dite «2 phases» – permet notamment de tester, sur circuit, les conséquences d’un freinage sur chaussée mouillée ou d’une vitesse trop importante en courbe. Et mieux vaut ne pas zapper cette étape, car celui qui ne suit pas la formation est contraint de recommencer son permis de zéro, tout comme celui qui se fait retirer deux fois son «bleu» pendant la période probatoire.
Grosses différences cantonales
A l’heure de passer à la caisse, le portemonnaie d’un nouveau conducteur s’allège, en moyenne, de 1351 fr. s’il n’a pas eu besoin d’heures d’auto-école, et de 3223 fr. s’il a suivi 20 leçons avec un moniteur. Ces totaux cachent cependant de fortes disparités cantonales. Auto-école comprise, un Valaisan déboursera par exemple 476 fr. de plus qu’un Genevois!
- Les frais fixes (émoluments des services administratifs et test de la vue) se tiennent dans une fourchette de 60 fr. (Vaud: 321 fr, Jura: 381 fr.), à l’exception notable de Fribourg, nettement plus avantageux (256 fr).
- Le prix des cours obligatoires (premiers secours, sensibilisation, «2-phases») varie, lui, considérablement d’un canton à l’autre. Il en coûte en moyenne 860 fr. à Genève, contre 1140 fr. en Valais! A lui seul, le cours de sensibilisation est emblématique des différences enregistrées: d’une durée pourtant standardisée de huit heures, son prix varie presque du simple (70 fr. à Genève, meilleur prix) au quadruple (260 fr. dans plusieurs autos-écoles de Delémont).
- Le prix de la leçon d’auto-école est l’autre poste qui crée de grandes différences cantonales. Une leçon d’une durée moyenne de 50 minutes peut, ainsi, être facturée de 70 fr. (Genève) à 104 fr. (Neuchâtel). Très souvent, il faut ajouter à ce tarif le coût d’inscription et de participation aux frais de l’assurance casco.
A elles seules, les 20 heures d’auto-école coûtent ainsi 260 fr. de plus à Neuchâtel qu’à Genève.
Vincent Cherpillod
Bonus web:un pointage des offres les moins chères de chaque canton
Huit astuces pour payer moins cher
- Il peut être avantageux d’effectuer tous les cours (théoriques et pratiques) dans la même auto-école, afin de bénéficier de forfaits à prix réduit. Le TCS propose aussi une «L-Box» qui combine cours de conduite et cours «2-phases». Mais les packs ne sont pas toujours la solution miracle: le cumul des offres les moins chères de chaque catégorie revient souvent meilleur marché qu’un forfait!
- Dans tous les cantons, les magasins McOptic facturent le test de la vue 10 fr.
- De nombreux logiciels sur CD-ROM facilitent l’apprentissage de la théorie et permettent de simuler l’examen. A défaut de pouvoir mettre la main sur un exemplaire, l’appli iThéorie est une solution de repli intéressante. Elle coûte entre 9 fr. (iPhone) et 9.50 fr. (Android).
- S’inscrire à plusieurs pour les différents cours de théorie permet parfois de bénéficier de rabais substantiels.
- Faire jouer la concurrence cantonale: les attestations des cours de premiers secours, de sensibilisation et «2-phases» sont, en effet, valables dans toute la Suisse. En moyenne, c’est Genève qui propose les tarifs les moins chers.
- Le cours «2-phases» est souvent meilleur marché s’il est effectué en semaine plutôt que le week-end.
- Les membres du TCS bénéficient d’une ristourne de 30 fr. sur les cours de premiers secours, ainsi que d’une autre qui varie de
80 à 100 fr. sur le cours «2-phases» qu'il organise. Les membres de l’ATE bénéficient, eux, d’un rabais de 20% sur le cours «2-phases» de Develier (JU) et de Savigny (VD). - La majorité des autos-écoles facturent des frais d’inscription et de participation à l’assurance casco lors de la première leçon de conduite, qui varient de 40 fr. à 160 fr. Celui qui n’a besoin que d’une ou de deux heures de conduite avant de se présenter à l’examen a tout intérêt à s’adresser à une école qui ne les fait pas payer (voir bonus web).
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