Capter les rayons du soleil sur son toit, c’est un bon moyen de couper le cordon des énergies fossiles. Mais les pics de production ne coïncident pas toujours avec les moments où on branche les prises, d’où l’intérêt de réinjecter les kilowattheures (kWh) inutilisés sur le réseau.
La législation sur l’énergie oblige les exploitants à reprendre ce courant et à le rétribuer au prix de revient. Ces tarifs sont donc régulièrement adaptés.
Sur le plan suisse, ils ont été récemment revus de 7% à la hausse en moyenne selon l’Association suisse des producteurs d’énergie indépendants (VESE). L’organisme publie, sur son site pvtarif.ch, une carte qui indique, pour chaque localité, le prix de reprise du courant solaire maison (voir tableau). Plusieurs facteurs entrent en jeu: la stratégie commerciale du distributeur et, de l’autre, les prix de l’électricité sur le marché européen ainsi que les coûts de production propre. En 2020, la pandémie avait fait plonger certaines rétributions, alors que la guerre en Ukraine pousse, aujourd’hui, les prix vers le haut.
«Cela ne peut pas fonctionner à long terme», regrette Walter Sachs, président de la VESE. «Ce n’est pas aux petits producteurs de subir ces écarts, alors que leurs installations sont constantes et fiables».
Le lobby solaire propose d’offrir aux producteurs une option supplémentaire pour les encourager à investir, à l’image des contrats hypothécaires fixes: un modèle avec une rétribution calculée au départ et garantie sur vingt ans.
Notre comparatif montre aussi des différences régionales, avec des prix élevés pour le courant local. C’est le cas de la formule Ambre à Delémont, entièrement solaire, ou l’option Biel/Bienne.
En revanche, le tarif lausannois Nativa Plus est abordable parce qu’il panache plusieurs sources locales et régionales: solaire photovoltaïque, éolienne et turbinage d’eau potable. Sion propose un mélange moitié hydraulique, moitié solaire. Le tarif Areuse+ de Neuchâtel combine 95% de courant hydraulique et 5% de solaire local. A Genève, le produit Vitale Vert affiche seulement entre 5% et 10% d’énergie photovoltaïque.
Bénéfices confortables
A noter que le montant final facturé est toujours plus élevé que celui de l’énergie elle-même. «Il se compose grosso modo du prix de l’énergie (35%), des coûts d’utilisation du réseau (45%) et des taxes et des redevances à la Confédération, aux cantons et aux communes (20%)», décrit Michael Beer, responsable Markets & Regulation chez BKW Energie SA. Les Lausannois paient ainsi 31.62 ct en tout pour le courant Nativa Plus, soit 22,76 ct pour l’acheminement et les impôts divers.
Les distributeurs ont encore de la marge pour faire un geste en faveur des petits propriétaires. En 2021, les BKW ont réalisé un bénéfice de 298 millions de francs pour un chiffre d’affaires de 3,59 milliards de francs. En 2020, il était de 87 millions de francs pour un chiffre d’affaires de 569 millions de francs chez Romande Energie et de 81 millions de francs pour 698 millions de francs pour Groupe E.
Claire Houriet Rime