Incontournable, le T-shirt simple et noir fait partie des classiques de nos armoires. Encore faut-il qu’il tienne face aux lavages, aux frottements et aux taches de transpiration. Bon à Savoir a comparé huit T-shirts pour hommes et huit T-shirts pour femmes issus de différentes enseignes du commerce suisse, selon plusieurs critères: résistance au passage à la machine à laver, à la lumière, à la transpiration et au frottement. Or, les vêtements examinés présentaient systématiquement des défaillances sur l’un ou l’autre de ces critères.
Les T-shirts pour hommes de Manor Man, Coop Naturaline et Hugo Boss ont, par exemple, perdu de leur noir intense après avoir été exposés aux rayons UV. Ils peuvent prendre des reflets bleutés ou grisâtres s’ils sont séchés régulièrement au soleil. Toutefois, leur résistance à tous les lavages leur ont valu la mention «bien».
Une taille en moins après le lavage
Le prix ne fait pas la qualité: les bons modèles ne sont pas les plus onéreux. Le Nº7 Essential de H&M s’est montré particulièrement résistant aux couleurs, alors qu’il coûte à peine 8 fr. En revanche, de petites peluches se sont formées sur le tissu après le lavage.
La provenance des vêtements détermine leur qualité. Sur sept T-shirts noirs jugés «bon», cinq venaient d’Inde, un de Chine et le dernier du Vietnam. Les modèles féminins de Manor (Inde) et Coop Naturaline (Chine) n’ont pas rétréci au lavage.
Deux modèles en milieu de gamme se sont tristement démarqués par leur manque de résistance. Le T-Shirt Bio Cotton Fine Rib de Migros Bio a perdu près d’une taille de vêtement dans la longueur à l’avant et à l’arrière lors du lavage et son col était déformé. Le T-shirt de Chicorée avait une allure pâlotte, selon les experts. Conseil des enseignes? C&A recommande de repasser son T-shirt après lavage pour empêcher le rétrécissement. Une indication qui figure sur l’étiquette.
Manque de transparence, aussi pour le bio
En parlant d’étiquette, la mention bio peut figurer. Le test montre qu’il n’y a pas d’arnaque à ce propos: tous les modèles qui s’en réclament sont fabriqués à partir de coton bio. Seule la provenance est parfois opaque. Aucune indication sur l’origine ne figure sur les T-shirts de C&A. L’entreprise s’explique: «Dans le cas de chaînes d’approvisionnement complexes, l’indication d’un seul pays d’origine peut être trompeuse. Les critères et les contrôles de qualité s’appliquent à tous les pays de production.»
Ce n’est pas la seule ombre au tableau. En effet, impossible de déterminer par des tests si la production est équitable et écologique. Dans de nombreux cas, les labels de qualité garantissent tout juste le paiement du salaire minimum. Selon l’alliance Asia Floor Wage, il couvre à peine un cinquième ou la moitié du minimum vital d’un ouvrier dans de nombreux pays asiatiques. En réalité, l’indication «équitable» ne vaut généralement que pour le prix d’achat du coton.
Jonas Arnold / jm
Les critères du test
Le laboratoire textile zurichois Testex a testé pour Bon à Savoir huit T-shirts noirs pour femmes et huit pour hommes selon les critères suivants:
1. Résistance au lavage
Les experts ont pris les mesures des T-shirts avant et après dix lavages. Ils ont ainsi pu déterminer à quel point les T-shirts avaient rétréci. En outre, ils ont observé la texture, l’intensité de la couleur, l’apparition (ou non) des peluches et, finalement, la déformation du tissu.
2. Résistance à la lumière
Un rayonnement solaire d’environ 160 jours en Europe centrale a été simulé afin de déterminer la façon dont les couleurs s’estompent au contact des UV.
3. Résistance à la transpiration
Les T-shirts ont été traités avec une solution de transpiration acide et alcaline pour observer la résistance de la couleur..
4. Déteinte par frottement
Les experts ont cherché à savoir dans quelle mesure les T-shirts secs et humides se décolorent lorsqu’ils sont frottés contre un tissu en coton.
Composants bio
Le laboratoire a analysé les T-shirts bio pour voir s’ils contenaient des composants génétiquement modifiés afin de vérifier s’il s’agissait bien de coton bio.
Le terme «équitable», à prendre avec précaution
Les vêtements issus du commerce équitable coûtent souvent plus cher sur le marché. Une marge justifiée par la promesse de la part des marques de payer décemment les employés et leur offrir un meilleur cadre de travail que dans les autres usines.
De fait, le terme «équitable» n’assure pas un revenu dépassant le minimum garanti. Les conditions de travail dans la branche demeurent précaires, selon l’ONG Public Eye. Les labels permettent aux consommateurs de s’orienter sur une thématique précise – la protection de l’environnement par exemple. Mais aucun label ne garantira à la fois durabilité sociale et environnementale. Il n’y a, en effet, aucune contrainte quant au montant versé aux ouvriers.
Il y a dix ans déjà, nos collègues de saldo mettaient en évidence les conditions difficiles des employés de ces mêmes enseignes, et notamment les femmes – elles constituent près de 80% du corps salarial dans cette branche en Birmanie. L’enquête mettait en évidence un revenu plus faible par rapport aux employés d’usines non certifiées. Ces personnes au début de la chaîne ne perçoivent pas un centime du surplus que débourse la clientèle suisse.
Pour acheter de manière aussi éthique que possible, il est bon de distinguer les labels, rappelle l’ONG Public Eye. Elle recommande de se fier aux labels de certification vérifiés par des organes indépendants. Elle cite par exemple:
- GOTS (coton biologique)
- Max Havelaar (coton issu du commerce équitable)
- Oeko-Tex 100 (article exempt de produits toxiques)
- Grüner Knopf (critères sociaux et écologiques pour la production).
En revanche, la prudence est de mise sur les labels développés par les marques elles-mêmes, à l’instar de Conscious Collection (H&M), Join Life (Zara) ou encore Migros Eco, etc. Celles-ci ne font pas l’objet de contrôles indépendants et ne garantissent pas le respect des chartes qu’elles émettent.