Silencieusement, le radon, ce gaz radioactif inodore, incolore et insipide qui s’introduit dans les maisons par le sol, tue. Sur les 2700 personnes qui meurent chaque année d’un cancer du poumon en Suisse, on estime que 300 sont victimes du radon. C’est beaucoup plus que les 200 décès additionnels qui devraient résulter, au final, dans notre pays, de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Alors qu’il reste peu connu du public, ce gaz fait donc presque autant de ravages que la route (349 morts en 2009) et beaucoup plus que le Sida (38 morts en 2009).
Plus dangereux que prévu
Pour ne rien arranger, sa dangerosité a été sous-estimée. La loi fixe une valeur limite de 1000 Bq/m3 dans les locaux d’habitation et de séjour et une valeur directrice de 400 Bq/m3 pour les nouvelles constructions, les transformations et les assainissements. Ces normes sont basées sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) émises en 1993. Or, à la suite de nouvelles études, l’OMS a fortement réduit ses recommandations, il y a deux ans. Dès lors, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) reconnaît que les valeurs actuelles sont trop élevées et «recommande de ne pas dépasser 300 Bq/m3 dans les locaux d’habitation et de séjour et d’atteindre un niveau aussi bas que raisonnablement possible en cas d’assainissement, de rénovation ainsi que dans les nouvelles constructions». Pour l’instant, il ne s’agit que d’une recommandation, puisqu’il faut réviser l’ordonnance sur la radioprotection (ORaP) pour modifier les valeurs légales. La procédure de consultation est prévue pour 2012.
Toute la Suisse concernée
Selon la loi, l’assainissement des locaux d’habitation est donc obligatoire dans les régions à concentrations accrues de radon, lorsque la valeur limite de 1000 Bq/m3 est dépassée. Le propriétaire assume alors les frais des travaux d’assainissement. L’extension de cette obligation à tout le territoire fera l’objet de discussions dans le cadre de la révision de l’ORaP. Car, si l’on a longtemps pointé du doigt l’Arc jurassien, le Tessin et les Grisons, l’OFSP reconnaît qu’en vertu des nouvelles normes internationales «tout le territoire est désormais concerné par le problème du radon».
Pour votre maison
Quel que soit le canton où vous habitez, vous êtes donc une victime potentielle du radon. Le site de l’OFSP permet de se faire une première idée de la situation dans votre commune (www.ch-radon.ch –> Moteur de recherche par commune). Mais attention: les valeurs sont susceptibles de varier notablement d’une maison à une autre, même voisines. Pour mesurer le radon entre ses murs, on peut acheter à un spécialiste agréé par l’OFSP (liste sur www.ch-radon.ch) de petites boîtes appelées dosimètres qu’on place en saison froide dans les locaux habités et qu’on renvoie ensuite pour analyse. Le coût est d’environ 300 fr., mais certaines communes fournissent ce matériel gratuitement. Le spécialiste peut aussi effectuer lui-même les mesures nécessaires avec des appareils plus perfectionnés. Là, il faut compter de 500 fr. à 2500 fr.
Ventilateur
S’il y a du radon en quantités importantes, l’action la plus efficace consiste souvent à faire installer un ventilateur pour évacuer le gaz ou, à l’inverse, provoquer un afflux d’air afin de le contenir dans le sol (surpression). En général, il faut compter dans les 3000 fr., mais des solutions sont parfois possibles à un coût inférieur. Dans des cas exceptionnels nécessitant de gros travaux, la facture peut prendre l’ascenseur et atteindre plusieurs dizaines de milliers de francs. Il convient de s’adresser à un consultant agréé (liste sur www.ch-radon.ch) pour une analyse de la situation et un devis.
En ce qui concerne les constructions futures, il faut discuter avec l’architecte et déterminer si le terrain se trouve dans une région à risque élevé. Si tel est le cas, poser un tuyau de drainage en prévention sous le radier est une bonne solution qui ne coûte que quelques centaines de francs. Cette manière de construire devrait permettre d’éviter une concentration de radon trop élevée dans les futurs locaux de séjour.
Bonus Web: Le radon en Suisse