Parce qu’ils sont mal ou pas absorbés par l’intestin grêle, certains sucres fermentent dans le côlon. On compte quatre familles regroupées sous l’acronyme anglais «Fodmap» pour fermenticibles – oligosaccharides disaccharides – monosaccharides and polyols. Chacun les tolère différemment: si, pour une large majorité d’entre nous, ils ne posent pas de problème, 5% à 15% de la population subit leurs effets indésirables.
Localiser les «Fodmap»
Selon leur famille, ces sucres se répartissent dans des aliments très divers.
> Les oligosaccharides: on en trouve dans certains légumes (chou, poireau, ail, oignon, etc.) et légumineuses (pois, lentilles, etc.). Mais aussi dans des céréales (blé, seigle, orge) que des consommateurs suppriment de leur alimentation en pensant être intolérantes au gluten. En adoptant un tel régime, ils ont certes tendance à mieux se porter. Mais il est probable que ce n’est pas l’absence de gluten qui réduit leurs soucis digestifs, mais la suppression des oligosaccharides.
> Les disaccharides: il s’agit du lactose, le sucre du lait, également présent dans les yaourts, les fromages frais et fondus. La crème, le beurre, les fromages à pâte dure, mi-dure et molle ne posent pas de problème, étant donné qu’ils contiennent peu ou pas de lactose.
Si l’on dispose suffisamment de lactase, l’enzyme nécessaire à la digestion du lactose, celui-ci est bien assimilé. Mais la production de lactase diminue au cours de la vie et varie selon les ethnies. Ainsi, 80% de la population adulte africaine n’a plus la capacité de digérer le lactose, contre 20% en Suisse et 3% seulement en Scandinavie. Un test dit «à l’hydrogène expiré» passé chez son médecin permet de déterminer si l’on dispose de suffisamment de lactase.
> Les monosaccharides: c’est le fructose présent dans les fruits. On le retrouve aussi dans certains produits industriels, par ajout de fructose pur ou de sirop de maïs à haute teneur en fructose.
La capacité d’absorption de ce sucre varie d’une personne à l’autre. Si certains peuvent en tolérer 50 g, d’autres ne peuvent pas en absorber plus de 5 g. D’une manière générale, les fruits contenant moins de fructose que de glucose sont bien tolérés: ananas, bananes mûres, citrons, mandarines, oranges, etc. En revanche, ceux qui ont plus de fructose posent problème: fruits secs, mangues, bananes vertes, pommes, poires, etc. Dans ce cas aussi, un test à l’hydrogène permet d’évaluer sa capacité d’absorption.
> Les polyols: ils se trouvent dans certains légumes et fruits (pomme, prune, etc.) ainsi que dans les champignons. Ils sont aussi présents dans les produits allégés en sucre et autres chewing-gums dits sans sucre. Mal absorbés, ils ont un effet laxatif bien connu. Un avertissement figure d’ailleurs sur les emballages des denrées qui en contiennent. On peut identifier ces additifs par leur noms se terminant en –ol (sorbitol, mannitol, etc.) ou leur code (E420, E421, E967).
Un suivi professionnel nécessaire
S’ils pourrissent littéralement la vie à certains, les «Fodmap» présentent cependant un intérêt nutritionnel indéniable. Leur action est bénéfique, notamment pour la flore intestinale. Supprimer les aliments qui renferment ces sucres peut aussi entraîner des carences alimentaires.
Cependant, pour les personnes qui en souffrent en raison de leur côlon hypersensible, un suivi professionnel est indispensable par un médecin et une diététicienne. Cela permet de poser un diagnostic précis et de mettre une diète en place. Celle-ci se déroule en deux temps: éviction totale des «Fodmap», suivie par leur réintroduction progressive, par famille, afin d’identifier les tolérances personnelles.
Cette approche est certes récente. Mais de plus en plus d’études confirment l’efficacité d’un régime pauvre en «Fodmap» pour les patients qui souffrent d’un syndrome de côlon irritable.
Doris Favre, diététicienne diplômée.