Protéger ses proches en cas de décès et capitaliser pour sa retraite. C’est ce double objectif qui a donné le nom aux assurances vie dites «mixtes». Si l’idée est a priori séduisante, il ne s’agit pas moins d’un compromis peu attractif pour celles et ceux qui veulent épargner pour leurs vieux jours. C’est d’autant plus vrai que le rendement garanti n’a cessé de s’effondrer au cours des dernières années. Corollaire: les assurés qui ont la chance d’arriver au terme de leur contrat sans trépasser ont désormais de fortes chances de ne pas retrouver leurs billes.
Descente progressive aux enfers
En 2012 déjà, notre comparatif montrait que le capital garanti au terme d’un contrat de vingt ans rapportait des clopinettes. L’assuré qui avait versé 6000 fr. par année, soit un montant total de 120 000 fr., était certain de toucher entre 120 127 fr. et 126 944 fr. selon les compagnies. Soit un rendement annualisé qui oscillait respectivement entre 0,01% et 0,53%.
La situation s’est encore dégradée lors de notre pointage réalisé en 2014. En effet, deux tiers des produits comparés ne pouvaient garantir qu’un rendement négatif. Autrement dit, aucune certitude de toucher les 120 000 fr. investis au terme du contrat! Au mieux, l’assuré pouvait tabler sur 121 804 fr. (+0,14%) et, dans le pire scénario, perdre plus de 20 000 fr. en ne récupérant que 99 878 fr. (-1,78%).
C’est négatif partout!
On imaginait avoir touché le fond. Erreur. En 2018, le rendement négatif est devenu la norme de toutes les assurances vie mixtes de notre panel! Avec des intérêts annualisés qui varient entre -1,2% et -3,9%, les déconvenues peuvent être lourdes. Chez Allianz, qui offre les plus faibles garanties de rendement (-3,9%), on peut ainsi se retrouver avec un capital de 80 830 fr. sur les 120 000 fr. investis, soit une perte de près de 40 000 fr.!
Dans ce contexte, il est évident que ces produits sont catastrophiques pour celles et ceux qui espèrent épargner pour leurs vieux jours. Si le rendement est mauvais, c’est que les compagnies ponctionnent une partie importante des primes payées – jusqu’à 25% – pour couvrir le risque de décès, d’incapacité de travail et les frais administratifs.
Le hic, c’est que les assureurs ne présentent pas les choses de cette manière. Elles font tout pour attirer des clients en tablant sur des prévisions sensiblement plus optimistes. Comme les assurés ont droit à une participation aux bénéfices, les projections sont embellies par les excédents potentiels. Or, ces résultats ne sont que très rarement atteints. Raison pour laquelle les intéressés doivent se fier au capital garanti pour ne pas être désagréablement surpris.
Il y a mieux à faire
En bref, les assurances vie mixtes n’ont rien d’un bon calcul pour mettre de l’argent de côté. Leur seul avantage est de garantir un capital en cas de décès. Or, c’est un risque qu’on peut simplement couvrir avec une assurance vie risque pur (lire «La meilleure pour le pire»). Comme le montrait notre dernier comparatif en la matière, un contrat de vingt ans pour une prime annuelle de 450 fr. donne droit à un capital décès de 200 000 fr. Si on ne casse pas sa pipe avant la fin du contrat, c’est certes 9000 fr. de perdus. Mais ce n’est, finalement, pas énorme en regard des 40 000 fr. qui peuvent s’envoler avec une assurance vie mixte!
Pour le volet épargne, les solutions ne manquent pas. Si on garde l’optique de placer son argent sans risque en vue de la retraite, le choix du traditionnel compte de prévoyance (3e pilier) est plus judicieux qu’une assurance vie mixte. Le rendement n’est pas très élevé – entre 0,2% et 1% – mais il est malgré tout positif! Reste encore à se déterminer pour une prévoyance liée (3a) ou libre (3b). Choix qui se présente également au moment de conclure la majorité des assurances vie mixtes (lire encadré).
Yves-Noël Grin
Bonus web: retrouvez notre tableau des valeurs de rachat et des assurances vie à prime unique
Prévoyance
Faire son choix entre le 3a ou le 3b
L’immense majorité des assurances vie mixtes laissent la possibilité d’être conclues en prévoyance individuelle liée (3a) ou libre (3b). C’est également le cas des comptes bancaires de prévoyance du 3e pilier. Rappelons que, dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’une épargne volontaire, contrairement au 1er et 2e piliers. Mais entre le 3a et le 3b, des nuances de taille méritent d’être bien appréhendées pour conclure un contrat qui soit en adéquation avec sa situation et ses besoins. Voici les principales différences.
Prévoyance liée (3a)
⇨ Déductible fiscalement pour les contribuables affiliés au 2e pilier jusqu’à 6768 fr. par an pour l’année 2017. Pour les personnes non assujetties au 2e pilier (indépendants, etc.), déduction jusqu’à 20% du revenu net, mais au maximum 33 840 fr.
⇨ Retrait au plus tôt 5 ans avant l’âge de l’AVS et au plus tard 5 ans après pour les personnes qui continuent de travailler.
⇨ Retrait anticipé seulement pour financer une résidence principale, l’activité professionnelle indépendante ou un départ à l’étranger.
⇨ Aucune imposition sur la fortune pendant le contrat.
⇨ Imposition lors du retrait du capital à un taux réduit.
⇨ Les bénéficiaires en cas de décès peuvent être le conjoint ou le partenaire enregistré, les descendants directs, le père et la mère, les frères et sœurs ainsi que les autres héritiers.
Prévoyance liée (3b)
⇨ Non déductible fiscalement ou partiellement dans les cantons de Fribourg. et de Genève. Parfois déductible dans le forfait des primes maladie (Vaud). En revanche, pas de plafonnement dans les versements.
⇨ Retrait libre selon la durée du contrat choisie.
⇨ Retrait anticipé possible selon les conditions du contrat.
⇨ Imposition sur la fortune pendant le contrat selon la valeur de rachat.
⇨ Aucune imposition lors du retrait du capital.
⇨ Les bénéficiaires en cas de décès peuvent être librement choisis.