Au supermarché, on trouve du sel de cuisine à partir de 1.40 fr. le kilo environ. Mais celui qui veut payer beaucoup plus peut aussi! Dans son assortiment Fine Food, Coop vend par exemple du Blue Persian Salt (Sel perse bleu). La description officielle du produit sur internet laisse rêveur: «Le sel bleu tire sa couleur d'un minerai appelé sylvinite, exclusivement présent dans les sels halites (…), le sel bleu est extrêmement rare. Autrefois on prêtait au sel halite des pouvoirs magiques. On l'appelait l'or blanc et on le négociait contre de l'or à 1 contre 1(…).»
Si plus personne ne lui prête aujourd'hui de pouvoirs magiques, son prix par contre reste exorbitant: pas moins de 139 fr. le kilo! Or, si l'on redescend les pieds sur terre, les choses sont claires pour l'Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV): «chimiquement parlant, chaque sel est identique. Il s'agit de chlorure de sodium». Un point de vue partagé par Florentine Hilty Vancura, chimiste au laboratoire de nutrition humaine de l'école polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).
En d'autres termes, les commerçants usent en fait de différentes stratégies marketing pour vendre leurs marchandises à des prix très élevés. Quelques exemples:
> Les «sels sains»
L'entreprise autrichienne Sonnentor vend par exemple du «sel de la vie» ayurvédique à 27.35 fr. le kilo: «il n'est pas traité, naturel et contient des minéraux essentiels et des oligo-éléments». Pour l'OSAV, «aucun sel n'est plus sain qu'un autre».
> Les «sels pour gourmets»
Beaucoup de sels sont soi-disant destinés aux gourmets. Par exemple, le Fleur de sel portugais (88 fr./kg) de la gamme Selection, de Migros, dont la qualité incomparable serait très prisée des gourmets et des grands cuisiniers, à en croire l'emballage. Migros reconnaît cependant que «les différences de goût entre les différents sels de cuisine ne sont pratiquement pas décelables».
> Les «sels exotiques»
Encore un autre argument marketing, mais attention d'ailleurs à certaines déclarations de provenance: le sel de l'Himalaya de Migros Selection (65 fr./kg) provient de mines pakistanaises éloignées du massif himalayen.
> Les «sels bio»
Selon la loi, le sel n'est pas un ingrédient d'origine agricole. Les commerçants ne peuvent donc pas qualifier du sel pur de sel bio. Il est par contre possible d'ajouter des ingrédients provenant de l'agriculture biologique et d'en profiter pour vendre ainsi le produit plus cher. L'épicerie zurichoise Schwarzenbach propose par exemple du sel bio vanille à 150 fr. le kilo. Quelle est la quantité de vanille bio contenue? L'emballage ne le précise pas.
> Les sels avec des labels de qualité
Les salines suisses du Rhin certifient le Sel Mondo Or blanc de Sicile (15.25 fr/kg) d'une «garantie de qualité». Sa signification exacte n'est pas claire. Sur l'emballage, il est simplement précisé que le produit a été soigneusement sélectionné par des experts. Quoi qu'il en soit cette garantie n'a pas été attribuée par un organisme indépendant, mais tout simplement par son distributeur.
Sabine Rindlisbacher / seb