La France vient d’interdire, jusqu’en fin d’année, l’importation de cerises traitées au diméthoate, un insecticide soupçonné de présenter des risques pour la santé. Cette décision est à la fois sanitaire et politique. Le diméthoate a été banni en France le 1er février, sur avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). En suspendant, de surcroît, les importations de cerises fraîches traitées avec ce pesticide, le ministère de l’agriculture a voulu protéger les consommateurs, mais aussi les producteurs face à la concurrence d’autres pays où ce produit à bas coût est encore admis.
Et en Suisse? Son utilisation sur les cerises est également interdite depuis cette année, alors même qu’il a été le moyen presque exclusif de lutte contre la mouche de cerise pendant près de 40 ans. En réalité, des restrictions ont été introduites dans notre pays en 2011 déjà , suite à une réévaluation des risques par l’Union Européenne. Depuis, son utilisation pour le traitement des cerises a fait l’objet d’autorisations exceptionnelles, accordées année après année...
La profession renonce
«Pour 2016, la profession a renoncé elle-même à demander une nouvelle autorisation», explique Christian Linder, collaborateur scientifique à Agroscope Changins, le centre de recherche de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG).
Il faut dire que la demande doit être argumentée, ce qui est devenu délicat. D’une part, parce que des solutions alternatives convaincantes ont été trouvées, d’autre part, parce que les restrictions imposées par l’Etat (notamment l’allongement du délai minimal d’utilisation avant récolte, qui est passé de trois à quatre semaines) et la diminution des doses d’emploi ont réduit son efficacité contre la mouche drosophile suzukii, un nouveau ravageur apparu en 2010 en Europe.
Dans les choux et les fleurs
Cela dit, «le diméthoate est encore autorisé pour les plantes ornementales et certaines espèces de choux», souligne Olivier Félix, responsable du secteur Protection durable des végétaux à l’OFAG. Ce qui ne serait pas un problème pour les consommateurs, d’une part parce que nous ne mangeons usuellement pas nos plantes ornementales, d’autre part parce que le délai d’attente pour les choux est bien plus long qu’il ne l’était pour les cerises, ce qui réduit la présence de résidus.
En revanche, la loi suisse autorise encore la présence de résidus de diméthoate dans les cerises importées, à condition qu’ils respectent une valeur-limite de 0,2 mg par kilo de cerises. A méditer, avant de choisir votre barquette...
Sébastien Sautebin