Gouaches, aquarelles, fusain, huiles sur toile… 22 œuvres, toutes issues d’une succession, bien difficiles à caser ensemble sur les murs du domicile de Pascal Nuoffer. Certaines d’entre elles, notamment un tableau du peintre suisse Armand Niquille, ne sont pas sans valeur.
Au hasard de ses recherches, il tombe sur le site internet de Galartis, une société spécialisée dans les ventes aux enchères. Puis décide de confier le lot, dans son en-semble, aux bons soins de l’entreprise. A charge de celle-ci d’estimer les œuvres, puis de les écouler, en fonction de leur valeur, en vente courante ou aux enchères. Nous sommes en août 2012.
Juin 2013: il faut se rendre à l’évidence, le lot n’a rien du trésor de la caverne d’Ali-Baba. Seuls deux des 22 objets ont trouvé preneur et n’ont rapporté que 55 fr. Galartis contacte alors notre lecteur pour savoir s’il est d’accord de céder la pièce maîtresse à un acheteur qui en offre 400 fr., soit 300 fr. de moins que le prix de réserve fixé. Marché conclu. Commissions et frais déduits, la vente doit rapporter 301 fr.
Près de deux ans sans nouvelles
Nous voici, soudain, en avril 2015. Car vingt et un mois auront été nécessaires pour que Pascal Nuoffer touche, enfin, l’argent de la vente de son lot de tableaux. Dans l’intervalle, il est resté sans la moindre nouvelle de l’entreprise, malgré deux lettres de réclamation et une mise en demeure de payer, envoyée en recommandé. «Que puis-je faire? nous écrit-il alors. En tant que petit client, j’ai l’impression d’être traité sans la moindre considération.»
Nous avons donc interpellé la société. «Pour les ventes courantes, le règlement intervient toujours à la fin du dossier, au moment de l’établissement du bilan des ventes», nous a répondu Catherine Niederhauser, directrice associée de Galartis. Elle avoue toutefois que ce dossier n’éveille rien chez personne dans l’entreprise. «Et il est vrai qu’il aurait dû être clos depuis une année au moins. Il a été mal géré par une ancienne collaboratrice. Dès lors, nous allons procéder au plus vite à son bouclement», dit-t-elle en présentant ses excuses.
Vincent Cherpillod
Comment ne pas se faire avoir?
Mieux vaut être prudent avant de confier un lot d’objets d’art à des sociétés spécialisées dans les ventes aux enchères. En raison des frais et des commissions qu’elles encaissent, l’opération peut, dans le pire des cas, se terminer à perte.
La situation de notre lecteur est un cas d’école. Après plus de deux ans d’attente et plusieurs démarches coûteuses en temps, il n’a encaissé que 260.50 fr. pour la vente de son lot de tableaux. Il faut, en effet, prendre en considération les frais suivants (exemple de Galartis).
- Commissions: elles varient si l’objet est vendu aux enchères ou en vente «dite courante». Dans le premier cas, qui concerne les pièces dont la valeur atteint ou dépasse 500 fr., la commission se situe entre 15% et 25% du prix de vente final. Dans le second, elle est fixée à 25% pour les objets dont la vente rapporte de 250 fr. à 500 fr., mais à 50% pour ceux qui partent à moins de 250 fr.
- Frais d’illustration: ils démarrent à 15 fr. et peuvent grimper en fonction du support sur lequel l’objet est reproduit (catalogue papier ou site web).
- Frais d’assurance: ils se montent à 1% du prix d’adjudication.
Les objets vendus aux enchères cataloguées sont proposés plusieurs fois à la vente. S’ils ne trouvent pas preneur, le client peut les récupérer. Ceux qui passent en vente courante sont, eux, cédés aux bonnes œuvres s’ils n’ont pas trouvé d’amateur. Dans les deux cas, les frais payés jusque-là ne sont pas remboursés. Autrement dit, si le lot ne contient pas au moins un objet d’une valeur suffisante pour couvrir ces frais, mieux vaut les proposer directement aux institutions de charité!
Valeur pas facile à estimer
Toute la difficulté consiste, bien entendu, à estimer correctement la valeur d’un lot de tableaux découverts au fond du grenier. Galartis accepte de le faire, mais cette prestation est facturée si l’examen a pour but l’établissement d’une assurance ou le partage d’un héritage. Pour les objets suffisamment courants, il peut également être pratique d’utiliser la recherche avancée du moteur de recherche du site de vente aux enchères eBay, afin de noter les montants auxquels se sont vendues des pièces identiques ou semblables dans les mois précédents.