Si une consommation modérée de vin rouge contribue à prévenir les maladies cardiovasculaires, c’est parce que le breuvage contient de précieux polyphénols antioxydants (ou tanins végétaux). Dans le raisin, le plus important polyphénol est le resvératrol, qui provient de la peau et des pépins du fruit. Bon pour le cœur, et peut-être même contre le cancer, selon certains chercheurs.
La consommation idéale de resvératrol est de 0,5 mg par jour. Cette quantité peut être atteinte en buvant un seul verre de vin rouge, mais pas toujours. En effet, la teneur en resvératrol est très différente d’un vin à l’autre, comme nous l’avons vérifié en analysant le contenu de trente bouteilles de provenances différentes.
Résultat: les vins de culture biologique étudiés contiennent en moyenne deux fois plus de resvératrol que les vins conventionnels, avec 4,6 mg/l contre 2,5 mg/l (voir graphique). Outre le type de culture, on constate que le lieu de production joue aussi un rôle. Ainsi, les vins de régions plutôt fraîches et humides comme les montagnes suisses ou le nord des Etats-Unis contiennent, eux aussi, davantage de resvératrol que les vins de pays chauds et secs tels que l’Afrique du Sud, l’Espagne ou la Californie.
Défenses naturelles
Mais quel est le rapport entre les vins bio et ceux provenant de régions tempérées? En fait, le resvératrol est un anticorps naturel produit par le raisin lorsqu’il est soumis à rude épreuve. «Dans les régions tempérées et humides, les maladies fongiques sont plus fréquentes, ce qui accroît les défenses immunitaires du raisin», explique Frank Hesford, collaborateur scientifique au centre de recherche Agroscope de Wädenswil (ZH).
Les conditions pour augmenter les anticorps du raisin sont également réunies dans les vignobles de culture biologique, complète Dominique Lévite, ingénieur à l’Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, à Frick (AG): «Le raisin bio n’étant pas aspergé de fongicides, il est contraint de se défendre davantage contre les maladies.»
Ces explications se vérifient dans notre comparatif, puisque six des sept vins contenant plus de 5 mg/l de resvératrol proviennent de régions tempérées ou de cultures biologiques (voir tableau ci-dessous). Avec, en tête, le pinot noir Duck Pond 2004 (9,2 mg/l), originaire de l’Oregon, au nord-ouest des USA. Suivi de près par la Dôle Solum du Valais, avec 8,7 mg/l. En buvant 0,5 dl de ces vins, on atteint déjà la quantité journalière de resvératrol.
A l’opposé, le shiraz Woodbridge de Robert Mondavi et le cabernet sauvignon de Fetzer, tous deux californiens, ne contiennent que 0,3 mg/l du polyphénol recherché. Il faudrait donc boire près de deux litres de ces vins par jour, mais les bienfaits des polyphénols seraient alors totalement anéantis par les méfaits de l’abus d’alcool!
Autres facteurs
Outre le mode de production et la provenance, d’autres facteurs influent sur la teneur en resvératrol. «Cela dépend aussi des conditions météorologiques rencontrées durant l’année de production», selon Frank Hesford. Le cépage joue lui aussi un rôle, comme dans le cas du pinot noir et du bourgogne tardif ou bleu qui en contiennent davantage.
Enfin, plus la macération du moût avec les peaux et les pépins est longue, plus la teneur en polyphénols augmente. C’est pour cela que les vins rouges en présentent davantage que les rosés et les blancs.
A votre santé!
Malgré les bienfaits des polyphénols, les milieux de la santé se montrent prudents concernant la consommation de vin rouge. Car, selon un rapport de Peter Ballmer, médecin-chef de l’Hôpital cantonal de Winterthour et membre de la Fondation suisse de cardiologie, «nos habitudes d’Occidentaux en matière de boissons portent largement atteinte à notre santé. La consommation d’alcool ne peut être encouragée ni du point de vue de la santé publique, ni sous l’angle médical».
Il n’en reste pas moins, toujours selon le même rapport, que «certains facteurs liés au style de vie, tels qu’une alimentation méditerranéenne, une activité physique régulière, le fait de ne pas fumer et une consommation modérée d’alcool, abaissent de près de 50% le risque de développer une maladie cardiovasculaire chez les plus de 70 ans». Tout est donc affaire de modération.
Sonja Marti / yac
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