L’eau du robinet coûte environ mille fois moins cher que l’eau en bouteille. Cela n’empêche pas que l’eau potable ait un prix, qui varie considérablement selon l’endroit où on habite.
C’est bien simple: à l’extrême, l’eau revient aux Lausannois près de six fois plus qu’aux Sierrois dans le cas d’une maison de six pièces (voir tableau)! Pour un appartement de quatre pièces, le tarif n’est «que» quatre fois plus important (voir bonus web*).
Frais fixes décisifs
Inutile toutefois de faire un classement, car, pour faire court, les différences de tarifs sont en grande partie dues aux frais fixes et non à la consommation elle-même. Si Genève et Lausanne sont donc plus chères, c’est parce que leur approvisionnement et leur réseau sont plus onéreux que ceux de Sierre.
Sur mandat de la commune, Sierre Energie produit en effet l’essentiel de son eau en la pompant dans une nappe phréatique située sur son territoire, ce qui nécessite peu d’énergie. Le reste provient de sources. Dans ce cas, l’eau arrive directement dans le réseau par la seule force de la gravité. En outre, toute cette eau n’a pas ou très peu besoin d’être traitée pour la rendre propre à la consommation. Mais le «miracle» sierrois n’en est plus vraiment un: depuis environ trois ans, l’eau est vendue à perte et l’entreprise doit puiser dans ses bénéfices pour la combler. Et, comme des investissements importants vont devoir être consentis, les tarifs, qui datent de 1991, seront adaptés.
A Lausanne ou à Genève, la situation est tout autre: la majeure partie de l’eau est pompée du lac Léman, puis traitée, ce qui a une influence directe sur les prix, car cette opération revient à plusieurs dizaines de centimes le m3. Sans compter que le réseau est plus complexe, donc plus coûteux à l’achat et à l’entretien. Dans le cas du chef-lieu vaudois, il faut également tenir compte de forts dénivelés, ce qui implique de gérer la pression de l’eau sous peine de voir la ville se transformer en geyser.
Au réseau et à l’approvisionnement, il faut encore ajouter les éventuelles taxes, qui peuvent également peser sur le prix, comme à Fribourg. Ou dans le canton de Neuchâtel, qui encaisse une taxe de 0.70 fr. par m3, ce fait exploser la facture.
Moins d’eau consommée
La consommation d’eau elle-même influe, bien sûr, également sur les prix. Et, comme elle a tendance à baisser en Suisse (d’environ 30% depuis une vingtaine d’années), notamment parce que nous veillons davantage à ne pas gaspiller le précieux liquide, elle pousse certains fournisseurs à adapter leurs prix en conséquence. Delémont vient ainsi de revoir ses tarifs à la hausse.
En définitive, si les prix des villes romandes paraissent élevés, ils sont moins importants que ceux de certains pays d’Europe. Selon une étude internationale publiée en 2008, le m3 revient en effet à quelque 4.50 fr. au Danemark…
Nicolas Zeitoun
* BONUSWEB: Les tarifs pour un 4 pièces habité par trois personnes