Face à la profusion de vins disponibles sur le marché,
le profane perd parfois pied. Il est alors tentant de choisir un flacon en se laissant charmer par l’esthétique de son étiquette. Car il est vrai que certaines confinent à l’œuvre d’art. Mais le talent du designer ou du dessinateur n’est pas toujours en rapport avec celui de l’œnologue… Mieux vaut donc comprendre les informations inscrites sur l’étiquette que se fier à l’inspiration de celui qui l’a créée. C’est éminemment moins poétique, mais plus fiable.
Or, l’étiquetage est une science plus exacte qu’il n’y paraît. L’ordonnance fédérale sur les boissons alcooliques en détermine les modalités, tout comme l’ordonnance sur l’étiquetage et la publicité des denrées alimentaires. En voici les principaux contours et quelques astuces pour mieux comprendre les informations qui se trouvent sur l’étiquette et/ou la contre-étiquette. Illustration avec notre bouteille imaginaire.
La dénomination spécifique
Elle doit être mentionnée sur l’étiquette au même titre que l’une des trois classes qui distinguent les crus suisses: les vins d’appellation contrôlée (AOC), les vins de pays et les vins de table. Leur origine ou leur provenance doit être spécifiée. Les vins de table doivent contenir l’indication «suisse», mais n’ont pas le droit à d’autres mentions liées à l’origine, la provenance, le cépage ou le millésime. Les exigences des AOC sont fixées par les cantons, tout comme celles des termes spécifiques comme «Grand Cru», «1er Grand Cru» ou «Château».
Les vins étrangers sont, pour leur part, soumis aux exigences de leur pays en matière de dénomination ou d’appellation.
La teneur en alcool
Toutes les boissons qui contiennent un volume d’alcool supérieur à 1,2% doivent l’afficher sur l’étiquette. L’ordonnance fédérale sur les boissons alcooliques prévoit néanmoins une marge de tolérance de plus ou moins 0,5%. Elle précise aussi qu’un vin doit avoir un volume d’alcool qui ne soit ni inférieur à 8,5% ni supérieur à 15%. Les vins suisses obtenus «sans aucune opération d’enrichissement» peuvent néanmoins titrer plus haut, de même que les crus étrangers qui répondent à la législation de leur pays.
Le millésime
Il indique l’année de récolte du raisin. C’est une information qui n’est pas obligatoire. Elle n’est pas moins importante, sachant qu’un même vin sera différent d’une année à l’autre, en fonction des conditions climatiques. Mais il est erroné de croire qu’un mauvais millésime donne une piquette. Avec l’évolution des connaissances œnologiques notamment, les récoltes sont qualitativement plus stables qu’autrefois. C’est davantage pour le potentiel de garde que le millésime est un précieux repère. Comme c’est une information facultative, on trouve des vins de table de qualité moindre qui ne sont pas millésimés. Ce qui autorise le producteur à mélanger du raisin de plusieurs années. Si le millésime est indiqué, les législations suisse et européenne autorisent néanmoins jusqu’à 15% de raisin issu d’une récolte ne correspondant pas à l’année en question.
Le(s) cépage(s)
Les variétés de raisin sont innombrables. A lui seul, le vignoble suisse compte une septantaine de cépages! D’après les chiffres publiés par l’Office fédéral de l’agriculture, le pinot noir (28%) et le chasselas (26%) étaient de loin les plus cultivés en 2015. Sur l’étiquette, les producteurs ont la possibilité d’indiquer un ou plusieurs cépages, à condition que le vin en soit issu à 85% au moins. Dans les assemblages, les cépages doivent être mentionnés «dans l’ordre décroissant de leur importance pondérale».
Les allergènes
Au même titre que les dérivés de l’œuf ou du lait, les sulfites doivent être
déclarés sur l’étiquette à partir du moment où leur concentration dépasse
10 mg/litre. Cette mention obligatoire peut se décliner de trois manières: «contient des sulfites», «contient du dioxyde de soufre», «contient de l’anhydride sulfureux». L’utilité principale des sulfites? Ils permettent avant tout d’empêcher l’oxydation du vin et jouent un rôle antibactérien.
Le producteur
Le nom ou la raison sociale de celui qui commercialise le vin est une mention obligatoire, qu’il soit producteur, encaveur, négociant, importateur, embouteilleur ou vendeur. Son adresse doit aussi être affichée.
La contenance
Si les bouteilles les plus répandues contiennent 75 cl de vin, il en existe pour tous les goûts: 35 cl, 50 cl, 150 cl et on en passe. Cette information est obligatoire. Les producteurs vaudois sont nombreux à être rester fidèles au flacon de 70 cl qui puise ses origines dans l’ancien pot vaudois de 140 cl.
Yves-Noël Grin