Il y a quelques décennies encore, il n’y a guère que les clubs de judo qui recrutaient les jeunes pousses à peine scolarisées. Le karaté semblait réservé aux adorateurs de Chuck Norris et le kung-fu à ceux de Bruce Lee. Aujourd’hui, de plus en plus d’arts martiaux se sont ouverts au grand public et proposent des cours aux bambins. Ils se différencient par leur technique fondamentale (voir tableau), mais partagent de nombreux points communs.
Contrairement à d’autres sports, les arts martiaux s’inscrivent dans une démarche aussi bien spirituelle que physique. On y apprend certes des notions techniques, mais également des valeurs philosophiques, comme le respect d’autrui, le contrôle de soi ou la discipline. C’est donc une véritable école de vie pour tous, bambins compris. Les tempéraments les plus timides peuvent notamment y trouver un moyen de renforcer leur confiance en eux et de faciliter le contact avec autrui. Les plus turbulents apprennent à canaliser leur énergie et à améliorer leur concentration.
Enseignement adapté
Ce n’est pas pour autant qu’on peut inscrire un enfant à des cours d’arts martiaux les yeux fermés. Il doit être motivé, mais également capable de suivre et de comprendre les instructions ainsi que de reproduire des mouvements. C’est pour cette raison que son développement psychomoteur est un bon indicateur pour déterminer s’il est suffisamment grand pour aborder une discipline.
En effet, on constate que les clubs affichent des âges d’admission très hétéroclites. Certains accueillent des petits dès 4 ans, alors que d’autres ne proposent rien aux moins de 12 ans. Cheffe de sport J+S à Macolin et spécialisée en judo et ju-jitsu, Monika Kurath souligne l’importance de l’enseignement: «En judo, il est clair qu’on peut apprendre des mouvements de base à un enfant de 5 ans. Mais ce n’est bien souvent pas avant 7 ans qu’on aborde le «vrai» judo. Il est donc essentiel que l’enseignant soit capable de moduler ses cours en fonction de l’âge des participants.»
Chirurgien pédiatre et médecin du sport à l’Hôpital de l’enfance de Lausanne, Stéphane Tercier abonde dans le même sens: «Ce n’est pas l’enfant qui doit s’adapter au sport, mais bien l’inverse. D’où le rôle primordial de l’enseignant.» Avant d’inscrire junior dans un club, il est donc tout indiqué de se renseigner sur les compétences et l’expérience que les instructeurs ont avec les petits. Faire participer son gosse à un cours d’essai en observant son déroulement est une bonne manière d’évaluer la qualité de l’enseignement.
Eviter les coups avant 12 ans
D’un point de vue médical, Stéphane Tercier estime néanmoins que les arts martiaux qui font la part belle aux frappes (karaté, kung-fu, taekwondo, etc.) devraient être évités avant l’âge de 12 ans. A moins, bien sûr, qu’ils soient enseignés sans l’intégration des coups (enchaînements en solo). «En ju-jitsu, par exemple, ça n’a pas de sens d’apprendre des frappes et des clés aux moins de 12 ans», atteste Monika Kurath.
Les arts martiaux ne sont certes pas plus dangereux que d’autres sports. Stéphane Tercier constate que les enfants sont victimes de petites blessures rarement graves. Mais les coups ou les lourdes chutes doivent être pris au sérieux, sachant que leur squelette est en pleine croissance et que les commotions cérébrales sont plus ennuyeuses pour leur jeune cerveau.
Yves-Noël Grin