Une arnaque bien rodée… et des milliers de francs peuvent disparaître dans la nature. Pour éviter de vivre une expérience aussi coûteuse que traumatisante, mieux vaut connaître les stratagèmes des filous et adopter les bons réflexes.
Le faux support technique
Votre ordinateur est paralysé par un écran bleu et un message alarmant vous informe que la machine a été infectée par un virus? N’appelez surtout pas le numéro qui s’affiche! Vous tomberiez sur un malfrat se faisant passer, par exemple, pour un employé de Microsoft. Il vous amènera à lui laisser le contrôle à distance de votre machine et exigera d’être payé pour ce «service». Sous le coup du stress, les proies vont révéler leurs coordonnées de carte de crédit au voleur. Prétextant que le paiement ne passe pas, il les pressera aussi de communiquer les codes reçus par SMS. Il est, en fait, en train de faire des transactions multiples sur le dos des victimes.
Variante: le faux employé Microsoft peut vous démarcher sans que votre ordinateur n’ait émis d’alerte. Raccrochez.
Conseils Si vous avez transmis des informations sensibles, la banque sera intransigeante. Ne communiquez jamais ces données! Si c’est trop tard, bloquez votre carte. Et prenez contact avec un professionnel de l’informatique ou une personne de confiance pour réinstaller les programmes de votre ordinateur au propre.
Les sites ou les vendeurs bidons
Ça ressemblait à une bonne affaire. Hélas, la console en rupture de stock partout ailleurs ou le canapé soldé à 70%, payé d’avance bien sûr, n’arrivera jamais à destination. Certains escrocs vous feront même croire que la marchandise est coincée en douane ou retenue par le transporteur pour vous soutirer encore de l’argent.
Conseils Pas de remède miracle pour débusquer une fausse offre, mais certains signaux doivent alerter: un site de vente plein de fautes, sans adresse physique ou avec des prix trop beaux pour être vrais. Sur Facebook Marketplace, Anibis ou Ricardo, méfiez-vous des profils de vendeurs récemment créés qui ont peu de transactions à leur actif. Cherchez des avis sur des plateformes recensant les arnaques. Ne passez jamais commande pour des gros montants lorsque vous avez affaire à un site ou un vendeur pour la première fois (lire «Ne vous laissez pas avoir par des faux sites de vente»).
Les dépanneurs malhonnêtes
L’évier qui se bouche ou l’électricité qui lâche un dimanche matin? Un oubli de clés qui vous coince dehors tard le soir? L’expérience a laissé un goût amer à certains lecteurs. Une (trop) rapide recherche les a mis en contact avec des entreprises sans scrupules, spécialisées dans les dépannages d’urgence. Elles surfacturent ensuite, parfois de manière délirante, leurs prestations (lire «Voilà, votre évier est débouché, ça fera 1830 francs»). Sous pression, le client est poussé à payer l’intervention tout de suite, par carte de crédit.
Conseils Cherchez des avis fiables sur les professionnels autour de chez vous. Demandez toujours un devis écrit. Si l’intervention peut attendre, reportez-la sur un jour de semaine. Ne signez aucune facture et ne payez rien sous la pression: si le prix semble exagéré, contestez ou réclamez un remboursement si vous avez déjà payé.
L’arnaque au numéro surtaxé
Les «heureux élus» sont démarchés par téléphone et appâtés par un cadeau ou invités à participer à un concours avec un joli lot à la clé. Pour ce privilège, il suffit de composer un numéro qui commence par 0901. L’appel est surtaxé et la victime gardée en ligne le plus longtemps possible. La seule surprise qui arrivera dans la boîte aux lettres, c’est une facture de téléphone conséquente.
Conseils Contactez immédiatement votre opérateur si vous vous êtes fait avoir. Il doit vous communiquer les coordonnées de la société. Joignez-la, exigez un remboursement et réservez-vous le droit de porter plainte. A titre préventif, vous pouvez bloquer les appels vers des numéros surtaxés.
L’e-mail de la (fausse) police
La Gendarmerie française, la Brigade des mineurs, la Police, voire Interpol: les malfrats jouent sur la peur. Un mail au ton formel et à l’entête d’une – fausse – autorité vous informe que vous avez été surpris à consulter du matériel pédopornographique. Vous êtes sommé de prendre contact avec «l’inspecteur» chargé de votre dossier. L’objectif est de vous pousser à verser de l’argent ou de vous extorquer vos coordonnées bancaires.
Variante: Des «maîtres-chanteurs» prétendent vous avoir filmé avec la webcam de votre ordinateur dans un contexte embarrassant. Ils menacent de dévoiler ces vidéos à tout votre carnet d’adresses si vous ne versez pas une rançon en bitcoin.
Conseils Tous ces messages sont bidons! Aucune autorité pénale ne vous contactera jamais ainsi pour un crime supposé. Quant aux mails des pseudo-maîtres-chanteurs, ils sont envoyés à large échelle en espérant qu’un poisson morde. Evitez d’ouvrir les pièces jointes de ces faux messages et supprimez ces courriers.
L’arnaque au colis
Une facture ou des rappels pour de la marchandise jamais commandée? Il s’agit probablement d’une arnaque au colis. Rien de plus facile, pour un individu malhonnête, que de se créer un faux profil usurpant votre identité sur un site de vente en ligne. Pour ensuite intercepter, en douce, le paquet. Ces fraudes sont monnaie courante et facilitées par les entreprises qui acceptent un paiement sur facture.
Conseils Ne payez rien! Prenez immédiatement contact avec le vendeur pour l’avertir que vous avez été victime d’une arnaque et exiger qu’il annule la facture. Déposez plainte et transmettez une copie de celle-ci à l’entreprise.
L’ami en détresse
Un proche vous contacte par message ou sur les réseaux sociaux pour vous annoncer qu’il se trouve en fâcheuse posture. Il demande une aide financière en urgence. Pour ne rien arranger, il prétend que son téléphone est hors service ou perdu. Méfiez-vous! Même si l’adresse de l’expédition est la bonne, il a peut-être été victime d’un piratage. A l’autre bout du monde, c’est en réalité un usurpateur qui tente de vous arnaquer.
Conseils N’hésitez pas à poser à cet «ami» des questions plus personnelles, par exemple le prénom de vos enfants. Essayez de le joindre par téléphone ou un autre moyen de contact habituel. Ne transmettez jamais vos données de carte de crédit et bloquez-la immédiatement si vous avez cédé.
L’acheteur qui n’en est pas un
Payeriez-vous pour vendre votre canapé? Non, bien entendu. C’est pourtant la mésaventure vécue par des lecteurs, piégés après avoir mis en vente des meubles, une voiture ou un instrument de musique sur des sites de petites annonces ou sur Facebook Marketplace. Beau parleur et convaincant, le pseudo-acheteur se dit très intéressé. Prétextant qu’il habite loin ou qu’il ne peut pas se déplacer, il propose un transporteur pour récupérer la marchandise. Cet «intermédiaire» contactera sa victime peu après pour qu’elle paie d’avance les frais de livraison. L’«acheteur», de son côté, promet qu’il remboursera. En réalité, il s’agit de la même personne.
Variante: l’aigrefin vous propose de payer par Paypal et envoie un lien par mail ou par SMS pour vous connecter au site de paiement. Ce lien vous redirigera vers un faux site, destiné à soutirer vos informations personnelles.
Conseils Fuyez les acheteurs qui passent par un intermédiaire ou par un moyen de paiement dont vous n’avez pas l’habitude. Et bloquez votre carte si vous vous êtes fait avoir.
Le faux employé de banque
«Allô, c’est votre banque à l’appareil. Nous avons détecté des mouvements douteux sur votre compte. Pour bloquer ces paiements, nous avons besoin des codes qui s’affichent sur votre téléphone.» Au bout du fil, il y a non pas un employé de banque, mais un pur escroc, déjà en possession du numéro de carte de crédit de sa victime. Il cherche à obtenir le code sécurisé que la banque envoie par SMS à son titulaire pour valider une transaction en ligne. Pire: le numéro qui s’affiche peut être le même que celui de la banque. De quoi tromper la méfiance de la cible, déjà terrifiée par l’annonce d’un piratage (lire «Arnaquée en croyant bloquer une arnaque»).
Conseils Une banque ne demande jamais de lui révéler vos codes secrets. Ne les transmettez en aucun cas, même si l’appelant se montre insistant ou si vous reconnaissez son numéro de téléphone. Dans le doute, raccrochez et rappelez vous-même la banque.
Les faux messages de la Poste ou de DHL
Un SMS ou un e-mail vous informe qu’un colis va être livré, mais qu’il faut payer des frais de douane ou de livraison pour le débloquer. Vous êtes invité à cliquer sur un lien qui, en réalité, vous redirigera vers un site pirate. Il ressemble à s’y méprendre à l’original et vous devrez y saisir vos identifiants et vos coordonnées de carte de crédit. Vous êtes victime de hameçonnage. Le site pirate va récupérer ces données pour faire des achats sur votre dos.
Conseils Vérifiez l’adresse d’expédition de l’e-mail. Elle est souvent farfelue et ne correspond pas à celles des entreprises concernées. Les faux sites sont de plus en plus élaborés, mais peuvent contenir des fautes d’orthographe ou graphiques qui doivent vous alerter. En cas de doute, contactez le Service client officiel. Si vous avez introduit vos mots de passe, modifiez-les. Bloquez votre carte si vous avez fait de même avec vos données de paiement (lire «Hameçonnage, la coïncidence de trop»).
Silvia Diaz