Le monde de la finance tremble à l’approche de la votation du 3 mars qui concernera, notamment, l’initiative sur les salaires abusifs. On parle beaucoup de parachutes dorés et de revenus à faire pâlir d’envie Gérard Depardieu. Rares sont ceux, en revanche, qui savent que, si l’initiative était acceptée, les caisses de pension seraient obligées de participer aux assemblées générales des sociétés dont elles sont actionnaires. Le contreprojet, lui, se contente de le leur recommander.
Or, les institutions de prévoyance, soutenues par l’Office fédéral des assurances sociales, sont entrées en campagne pour protester contre cette exigence qui augmenterait massivement leurs coûts administratifs. On parle de millions de francs.
Petit calcul: on compte, en Suisse, plus de 2000 caisses de pension, mais il n’y a que 282 sociétés cotées au SIX Swiss Exchange et rien qu’une centaine si l'on s’en tient aux principales. Si les institutions de prévoyance rechignent à éplucher les rapports annuels desdites, elles peuvent déléguer cette tâche. La Fondation Ethos estime qu’il en coûterait entre 10 000 fr. et 15 000 fr. pour les 100 plus grands titres.
Quelle que soit l’issue du scrutin, les cotisants au 2e pilier auront donc appris une chose. Ils confient, chaque mois, des milliers de francs à des institutions qui placent cet argent (plus de 630 milliards au total), puis ferment les yeux! Ce bas de laine navigue dans les cales de bateaux ivres.
Claire Houriet Rime