Sa scolarité obligatoire achevée, Max* part en quête d’une place d’apprentissage d’employé de commerce. Le jeune Jurassien adresse sa candidature à plusieurs entreprises, dont l’UBS. La grande banque lui demande alors de joindre à son dossier le résultat du test Multicheck, un examen de connaissances générales organisé par l’entreprise du même nom. Notre lecteur découvre que ce test est facturé 100 fr. à ceux qui s’y soumettent. «Il est inadmissible, s’indignent ses parents (qui devraient en fin de compte passer à la caisse), de mettre de tels frais à la charge de jeunes qui ne seront en grande majorité pas engagés.»
L’UBS rétorque que le test Multicheck permet de choisir les candidats de manière équitable, tandis que les résultats scolaires dépendent beaucoup de la pratique des différents établissements. De plus, le test est remboursé en cas d’embauche et il peut être présenté à plusieurs employeurs potentiels.
Banques conquises
Connu des Alémaniques depuis trois ans, le test de la société Multicheck fait de plus en plus partie de la procédure d’engagement des apprentis dans les milieux bancaires en Suisse romande. Outre l’UBS, le Credit Suisse l’exige également, de même que plusieurs banques cantonales (Vaud, Neuchâtel, Valais). Pour le passer, les candidats suivent une des séances d’examen organisées environ une fois par mois dans chaque canton romand, après s’être acquittés de la finance d’inscription de 100 fr. Ils sont soumis à des épreuves de français, d’allemand, d’anglais, de mathématiques, de logique, de mémorisation et de concentration.
Même si les employeurs remboursent le test aux candidats retenus, les jeunes restent au bout du compte nombreux à devoir assumer la taxe de 100 fr. Bernhard Hählen, responsable de la société Multicheck, est le premier à le déplorer: «La finance d’inscription est nécessaire pour couvrir nos coûts, mais au lieu de rembourser intégralement les candidats retenus, les entreprises devraient utiliser la somme correspondante pour dédommager tous les candidats. Les jeunes s’acquitteraient du solde: une façon de les responsabiliser.»
«Inadmissible»
Les milieux de la formation professionnelle en Suisse romande découvrent quant à eux avec consternation le recours de plus en plus fréquent aux services de Multicheck. «S’il est préoccupant de constater que des entreprises ne se fient plus aux résultats scolaires, il est surtout inadmissible de faire payer les frais de la sélection aux candidats eux-mêmes, lâche Jean-Charles Lathion, directeur de la formation professionnelle dans le canton de Genève. L’entrée en apprentissage doit être totalement gratuite.»
Mais pas de panique: toutes les entreprises n’ont pas encore été gagnées par
la fièvre des tests. La Poste, les CFF et Nestlé nous ont ainsi confié que leur service des ressources humaines s’en tiennent encore aux méthodes «traditionnelles»: analyse des résultats scolaires et entretien oral avec les candidats.
Suzanne Pasquier
*Prénom d’emprunt
sur le web
Chasse aux places d’apprentissage
Le choix d’une profession est un long processus, qui devrait notamment intégrer des entretiens avec un spécialiste de l’orientation professionnelle. Néanmoins, le web offre un premier aperçu des professions existantes et des places d’apprentissage disponibles.
• Le site des offices cantonaux d’orientation professionnelle, www.orientation.
ch, présente pas moins de 600 métiers, avec leurs caractéristiques et les étapes de la formation. Il comprend aussi une bourse suisse des places d’apprentissage, qui donne accès à des centaines d’offres. Il est possible de sélectionner un canton, un domaine d’activité ou une profession spécifiques. Mais attention: la mise à jour ne semble pas très régulière.
• www.espace-emploi.ch, le site du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), présente de son côté les différentes filières de formation possibles après l’école obligatoire ainsi qu’un registre européen de places d’apprentissage, avec une section pour la Suisse. Il met aussi l’internaute en lien avec les sites d’associations professionnelles et de grandes entreprises.
• Les employeurs potentiels (sociétés, entreprises, administrations) sont par ailleurs de plus en plus nombreux à renseigner les candidats apprentis via leurs sites internet.