«En effectuant récemment quelques achats à la Migros de Saint-Maurice (VS), quelle n’a pas été ma surprise de constater que des carottes dont l’emballage possédait le bourgeon Bio Suisse provenaient en fait d’Espagne», révèle un lecteur de Bon à Savoir. «Interloqué, j’ai demandé à la vendeuse si Migros se moquait de nous, poursuit ce dernier. Elle a semblé aussi surprise que moi et, après discussion avec son responsable, m’a précisé qu’il n’y avait plus, à ce moment, de carottes bios helvétiques. De ce fait, Bio Suisse propose des carottes espagnoles».
L’explication n’est pas totalement juste. «Il s’agit en fait d’une erreur d’emballage de l’entreprise chargée de ce travail. Des denrées étrangères ne peuvent pas recevoir le bourgeon Bio Suisse», précise Lukas Inderfurth, porte-parole de la fédération basée à Bâle.
Cela étant, des produits provenant d’autres pays peuvent bel et bien décrocher un certificat de Bio Suisse, à condition de respecter scrupuleusement son cahier des charges. Les contrôles sont effectués par des organismes indépendants et les denrées étrangères sont soumises aux mêmes directives et à des contrôles équivalents à ceux des aliments suisses. Elles se distinguent toutefois de la production nationale par le fait qu’elles sont vendues sous une marque différente: le bourgeon «Bio», alors que les produits helvétiques sont accompagnés d’un bourgeon «Bio Suisse » comprenant un drapeau de la Confédération. Si Coop a l’autorisation de vendre des produits marqués d’un bourgeon, Migros a son propre label bio, même si certains de ses fournisseurs sont certifiés par Bio Suisse.
Recours à l’étranger sous certaines conditions
«Le recours à l’étranger obéit à un principe fondamental: seules les denrées qui ne sont pas du tout cultivées ou qui ne sont pas produites en quantité suffisantes par les paysans biologiques suisses peuvent être importées, précise Lukas Inderfurth. Actuellement, il n’y a pas de carottes helvétiques. Elles viennent donc d’autres pays comme l’Espagne».
En outre, Bio Suisse a édicté des directives d'importations particulières. Les denrées des pays voisins ont, par exemple, la priorité sur celles des régions plus éloignées et les produits doivent arriver uniquement par voie terrestre ou maritime, les transports aériens sont strictement interdits.
De plus, les produits d’Outre-mer ne peuvent en principe pas recevoir le bourgeon. Ceux qui ne sont pas cultivables en Suisse pour des raisons climatiques font exception, comme les avocats, ananas, bananes, mangues, ou encore les fruits de la passion.
Au final, explique Lukas Inderfurth, 96% des produits animaux, 40% des céréales, 10% du sucre et plus de 80% des légumes certifiés par Bio Suisse viennent de notre pays. Les principaux fournisseurs étrangers sont l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et l’Espagne.
Sébastien Sautebin
*Article modifié le 4. 5. 2015