En 2010, l’Agence nationale française de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a été chargée d’une mission de «nutrivigilance», unique en Europe, dont l’objectif était d’identifier les éventuels effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires, d’aliments enrichis et de boissons énergisantes. Des compléments alimentaires sont consommés de manière régulière par près d’un quart de nos voisins. Des chiffres qui sont à peu près similaires en Suisse si l’on se réfère à une étude réalisée sur 6000 Lausannois en 2009, qui a montré que 26% d’entre eux y avaient recours.
En quatre ans, l’Anses a reçu 1565 signalements d’effets indésirables. Les trois quarts sont liés aux compléments alimentaires, le reste aux aliments enrichis et aux boissons énergisantes. Les principaux effets indésirables qui ont été recensés sont d’ordre hépatique, digestif et allergique. «Cela va de la simple gêne, rougeurs, démangeaisons, à des hospitalisations pour hépatite», a déclaré un responsable de l’agence.
Levure rouge interdite en Suisse
Ces dernières années, l’Anses s’est penchée sur une dizaine de substances présente dans les compléments dont la lutéine, la zéaxanthine, la p-synéphrine et la levure de riz rouge. Elle a émis des mises en garde concernant les produits à base de levure de riz rouge et ceux contenant de la p-synéphrine, présente dans l'écorce d'orange amère, à l'origine notamment d'atteintes hépatiques. Ces deux substances sont utilisées respectivement contre le cholestérol et pour perdre du poids. L’agence a également averti que les boissons énergétiques peuvent, entre autres, «générer des accidents cardiaques graves chez les consommateurs porteurs de prédispositions génétiques et généralement non diagnostiquées».
En 2013, Bon à Savoir avait déjà mis le doigt sur les risques liés à la consommation de levure de riz rouge. Des propos qui ont précédé un changement législatif: «Depuis février 2014, la commercialisation de préparations à base de levure de riz rouge est illicite en Suisse», précise Nathalie Rochat, porte-parole de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV).
Sébastien Sautebin
Le dossier de l’Anses