La garantie. Bouclier contre les mauvaises surprises, elle confère au produit une notion de qualité pour mieux rassurer le consommateur. Dans le secteur automobile, c’est un argument de vente d’autant plus important que l’acquisition d’une voiture neuve coûte généralement un bras, voire les deux. L’acheteur a donc envie de se prémunir contre les pépins qui pourraient frapper à sa portière, sachant que la facture du garagiste n’a pas la même couleur que celle du teinturier…
D’un constructeur à l’autre, les prestations de garantie ne sont pas égales et peuvent même varier dans une même gamme. Et, contrairement à d’autres produits, un véhicule neuf dispose de plusieurs couvertures distinctes. Nous avons donc sondé les dix marques les plus vendues en Suisse en 2013 pour faire le point, sans tenir compte des extensions de garantie payantes.
Garantie d’usine
Appelée aussi «garantie constructeur», elle prend en charge tous les frais de réparations dus à une défectuosité (mécanique, électrique, électronique, etc.). Elle exclut logiquement les pièces d’usure comme les pneus, les freins ou l’embrayage. Les constructeurs peuvent également se dédouaner s’ils estiment que la défaillance ne leur est pas imputable. Tel est le cas si les prescriptions d’usine n’ont pas été suivies ou si le véhicule a été modifié, voire réparé avec des pièces qui ne sont pas d’origine.
Pour bénéficier de la garantie, le client doit également prouver que les travaux de maintenance (services, etc.) ont été effectués conformément au programme d’entretien préconisé. En cas de réclamation, il doit donc présenter un carnet de service irréprochable. Les lacunes ou les éventuels retards (kilométrage dépassé entre deux contrôles) sont généralement rédhibitoires.
Dans la majorité des cas, la garantie d’usine est de deux ans sans limitation de kilométrage. Chez Renault, Toyota, Ford et Mercedes, elle est un peu plus généreuse: trois ans ou jusqu’à 100 000 km, la première limite atteinte faisant foi. On notera aussi que certains modèles électriques ou hybrides bénéficient d’une couverture plus étendue pour leurs composants spécifiques. C’est le cas de la Ford Focus Electric, de l’Opel Ampera ou de la gamme Hybrid de Toyota.
Garantie contre la corrosion
Pour être plus précis, il conviendrait de parler de garantie contre la perforation par la corrosion. En effet, cette prestation ne couvre pas d’éventuelles taches de rouille qui pourraient apparaître sur la tôle. Elle ne prend en charge que les cas de corrosion sévère qui transpercent la carrosserie. Et gare aux conditions générales: nombreuses sont les marques qui prévoient un contrôle de la carrosserie (corrosion et perforation) dans leur programme de maintenance. Par conséquent, si le carnet de service est lacunaire, les dommages ne seront pas couverts.
Sur les voitures de particuliers actuelles, la garantie contre la corrosion perforante est généralement de 12 ans. Il existe néanmoins des exceptions dans des gammes, à l’instar de l’Opel Combo ou de la Ford Ka qui ont une couverture de 8 ans seulement. Mercedes se distingue certes de ses concurrents en affichant «jusqu’à 30 ans». Pourtant, la durée initiale n’est que de deux ans et ne se renouvelle par la suite que si les services sont effectués dans ses garages!
Garantie pour la peinture
N’allez pas imaginer qu’elle assume les griffures ou les projections de gravillons. Cette assurance traite les éventuels défauts d’origine de la peinture ou du vernis. Là aussi, mieux vaut avoir suivi scrupuleusement le plan d’entretien de son véhicule pour espérer être entendu en cas de souci. Hormis Ford et Opel (deux ans), les autres marques de notre sélection offrent une couverture de trois ans. Chez Mercedes, le kilométrage est néanmoins limité à 100 000 km, car les défauts de peinture sont intégrés dans la garantie d’usine.
Réparations gratuites
Les marques premium comme BMW, Audi et Mercedes proposent des réparations gratuites pendant 3 ans ou jusqu’à 100 000 km. VW offre la même prestation sur ces trois modèles haut de gamme Phaeton, CC et Touareg. Contrairement à la garantie d’usine, celle-ci inclut les pièces d’usure, même si les pneus, les liquides et les lubrifiants ne sont pas compris. Tout comme les dégâts de carrosserie ou consécutifs à un accident.
On s’attend donc que le remplacement des freins ou de l’embrayage soit pris en charge en cas d’avarie. Mais encore faut-il prouver que ces dommages ne découlent pas d’une mauvaise utilisation. Mercedes précise d’ailleurs ne pas couvrir les «coûts résultant d’une fatigue excessive du véhicule, telle que sollicitation excessive des freins, de l’embrayage, etc.». Cette couverture est donc avant tout un argument marketing qui n’apporte qu’une maigre plus-value à la garantie d’usine.
Services gratuits
Rouler 10 ans ou jusqu’à 100000 km sans se ruiner pour l’entretien de son véhicule. C’est l’un des arguments de vente propre aux trois marques premium allemandes. Parmi les constructeurs généralistes de notre comparatif, VW fait de même pour ses trois modèles les plus luxueux (Phaeton, CC et Touareg), alors que Toyota offre cette prestation sur 6 ans ou jusqu’à 60 000 km depuis l’an dernier.
Derrière ces engagements séduisants, l’acheteur pourrait croire qu’il n’aura pas à débourser un franc pour la maintenance de sa voiture jusqu’à l’échéance promise. C’est hélas trop beau pour être vrai: les pièces d’usure ne sont pas comprises, les liquides et les lubrifiants non plus. Selon le TCS, l’avantage financier se monte en moyenne à 2000 fr. pour les modèles les plus vendus. Mais cet avantage est généralement inclus dans le prix du véhicule neuf. On ne peut donc pas parler de cadeau…
Assurance mobilité gratuite
Il ne s’agit ni plus ni moins d’un service d’assistance basique (dépannage, etc.). Dans la majorité des cas, il n’est valable qu’à condition que la voiture soit scrupuleusement suivie dans un garage de la marque. Seul Toyota n’a pas cette exigence, alors que BMW demande uniquement que les vidanges soient effectuées dans ses agences.
Chez Renault, Toyota, Peugeot et BMW, ce service d’assistance est limité dans le temps. Chez tous les autres, il se renouvelle à chaque fois que la maintenance est confiée à un garage officiel. C’est un moyen comme un autre de fidéliser le client aussi longtemps que possible aux ateliers de la marque. Des ateliers qui facturent généralement leurs prestations sensiblement plus cher que les garagistes indépendants.
Yves-Noël Grin
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