Préparez-vous à la prochaine révolution urbaine. Dans les années à venir, les écoquartiers vont pousser comme des champignons. Des chantiers se préparent ou sont en cours à Lausanne, Genève, Neuchâtel, Fribourg, Gland, Delémont, Morges, Vevey, Romont ou encore à La Chaux-de-Fonds, pour ne citer que quelques villes*. Et les Romands sont très actifs. Sur dix huit dossiers soutenus par le programme «Quartiers durables» des Offices fédéraux de l’énergie (OFEN) et du développement territorial (ARE), onze proviennent de la partie francophone du pays. Certains quartiers seront de dimensions modestes, d’autres quasi pharaoniques, comme celui des Plaines-du-Loup à Lausanne, qui s’étendra sur 35 hectares. Il accueillera près de 7000 habitants et plus de 3000 emplois. Les premiers occupants emménageront en 2018 tandis que les travaux vont s’achever vers 2030. Budget: 2,5 milliards de francs.
Réalités très différentes
Ces lieux de vie vous tentent? Sachez tout d’abord que le terme «écoquartier» englobe des réalités très différentes, puisqu’il n’existe pas de label en Suisse. Certains projets sont axés essentiellement sur les aspects écologiques. D’autres, qu’on appelle parfois plus spécifiquement «quartiers durables» se conforment, à des degrés divers, à trois exigences:
environnementale, couvrant les aspects énergétiques, que ce soit dans la construction (énergie grise) ou les besoins des habitants (énergie durable), mais aussi la mobilité douce, souvent essentielle dans ces projets, la gestion de l’eau, etc.;
sociale, avec une volonté claire de garantir une mixité précisément sociale mais aussi intergénérationnelle, par le biais, entre autres, de loyers subventionnés: l’idée est, notamment, d’éviter les «ghettos de bobos»;
économique, car l’endroit ne doit pas être strictement résidentiel mais abriter aussi un petit tissu économique.
Une bonne qualité de vie
Dans les faits, «on trouve vraiment de tout, avec, parfois, des objectifs très ambitieux. Mais, au-delà des différences, on peut dire que les quartiers avec une approche durable veulent offrir en premier lieu une bonne qualité de vie, tout en minimisant l’utilisation des ressources», résume Anne DuPasquier, cheffe suppléante à la Section développement durable de l’ARE.
Eikenott (image de synthèse en illustration), à Gland (VD), est par exemple entièrement dédié à la mobilité douce. On y circule à pied, en vélo, en trottinette, en bus, mais pas en voiture, même si l’endroit comprend des «dépose-minute» devant les immeubles et, dans sa périphérie, un grand parking automobile à étages.
Panneaux photovoltaïques, géothermie profonde, chaudières utilisant des copeaux de bois, grands espaces verts, standard Minergie-ECO figurent parmi les autres spécificités du lieu (www.eikenott.ch).
Dans la pratique, pour être certain que le projet qui vous tente corresponde bien à vos aspirations, il est donc conseillé de vous renseigner minutieusement sur ses caractéristiques*.
Loyers raisonnables
Et les prix dans tout ça? Les Plaines-du-Loup, à Lausanne, par exemple, comprendront près de 3000 logements mixtes: certains seront subventionnés, d’autres à loyers contrôlés, libres, ou en PPE. On trouvera peut-être même des maisons individuelles, denrée très rare dans les écoquartiers. Il y en aura donc pour toutes les bourses. Sur le principe, «un écoquartier devrait offrir des prix correspondant à ceux du marché» pour les loyers libres et les PPE, estime Christophe Gnaegi de Tribu'architecture, le bureau lausannois qui a remporté le concours des Plaines-du-Loup.
A Eikenott, le coût jugé élevé des premières locations (1700 fr. pour un 2,5 pièces et 3000 fr. pour un 4,5 pièces, sans les charges) avait déclenché un début de controverse, avant que le directeur des travaux ne précise que les immeubles suivants auraient «un standing plus modeste, et donc des loyers sensiblement inférieurs». Pour Isabelle Monney, municipale responsable du Logement, la polémique n’a pas lieu d’être. «Eikenoot relatera la mixité que toute ville aimerait avoir. Dans la vingtaine de bâtiments prévus, il y a du haut standing, des logements protégés, d’autres avec des loyers vraiment bas destinés aux familles ainsi que des appartements en PPE.» Les prix de ces derniers étaient d’ailleurs au-dessous du marché, ils ont tous été vendus en une matinée!
Sébastien Sautebin
Bonus web:écoquartiers: les bonnes adresses