Surfant sur la vague de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), l’enseigne française biocoop propose un magasin éphémère bio «100% en vrac, 100% sans emballage» dans la capitale française. Plus près de chez nous, dans le quartier des Grottes à Genève, Nature en Vrac s'est ouvert mi-octobre. Le concept? On remplit ses propres contenants (bocaux, sacs ou autres), de produits préalablement pesés, comme du riz, des céréales, du café, de l’huile d’olive, etc. S’il y a beaucoup de bio, les denrées régionales sont privilégiées. Et le concept semble séduire, selon un premier bilan.
Et pour cause, la suppression des emballages présente un avantage non seulement écologique, mais aussi économique. Cela a une influence directe sur le prix des marchandises, mais aussi sur la taxe déchets, par la limitation du nombre de sacs poubelles utilisés.
Grands distributeurs frileux
Les grands distributeurs observent la tendance, mais ne sont pas totalement convaincu par le concept. Chez Coop, on indique que «là où cela fait sens, comme pour les fruits, les légumes, la viande ou le fromage, nous proposons déjà des produits en vrac. Nous avons évalué la possibilité d'étendre ce mode de vente sur d'autres segments, mais ces tests ont dû cesser pour des raisons d'hygiène. Il n'y a donc actuellement pas d'intention d'augmenter ces offres.»
Migros dit aussi suivre intensivement cette évolution: «Nous n’avons pas de projet d’abandon de tout emballage pour d’autres produits que ceux proposés actuellement. Pour des raisons légales et/ou d’hygiène, certains d'entre eux doivent être vendus emballés. Il est clair que les contraintes d’un grand distributeur sont autres que celles d’un petit commerce, mais nous observons le marché de près et saluons toute initiative qui promeut un mode de consommation plus écologique», réagit le distributeur.
«Avec un assortiment de produits qui change souvent et rapidement, l’utilisation d’emballages est indispensable, justifie pour sa part Aldi. Ils servent à protéger les marchandises de dommages potentiels pendant le transport et sont essentiels pour le respect des régulations en matière hygiénique.»
Manor Food est un peu plus avancé dans le domaine et propose aussi des œufs en libre accès et payables «à la pièce». «Un concept de ce style existe également pour une huile d’olive extra vierge: la bouteille est réutilisable, et à chaque achat les clients peuvent la remplir à nouveau, explique Elle Steinbrecher, porte-parole. Et nous sommes également en train de mettre en place, pour nombre d’épices indiens, la possibilité d’acheter des «recharges» dans des emballages très diminués».
Enfin, selon Denner, cette option n'est pas idéale pour un discounter, «car nous vendons majoritairement des denrées de longue conservation, qui doivent être emballées pour des raisons de sécurité, qualitative, de stockage, de transport et de dispositions légales.»
Diminution plutôt que disparition
De manière générale, les grandes enseignes vont donc axer leurs efforts sur la diminution des emballages plutôt que sur leur disparition. Coop rappelle ainsi vouloir réduire de 1300 tonnes la quantité de matériaux d’emballages utilisés d'ici 2020, alors que Migros promet, pour la même échéance, d'optimiser la fabrication écologique pour plus de 6000 tonnes de ces mêmes matériaux.
Quoi qu’il en soit, la vente de denrées alimentaires en vrac pourrait bien s’étendre dans les villes romandes, notamment via de petites épiceries. Car le succès de l’échoppe genevoise risque bien de donner des idées à d’autres entrepreneurs soucieux de leur impact sur l’environnement.
Loïc Delacour