Les frais bancaires ne cessent d’augmenter et les clients rouspètent. Peu importe aux banques qui sortent alors leur botte secrète: la gratuité du forfait de gestion et la réduction de certains autres frais pour les «bons» clients. Un «bon» client, c’est une personne disposant d’un avoir moyen de 10 000 fr. ou d’une hypothèque auprès de l’UBS, d’une fortune d’au moins 15 000 fr. au CS (Credit Suisse), d’un avoir moyen de 5000 fr. ou d’une fortune de 20 000 fr. à la BCV (Banque cantonale Vaudoise), etc. Mais ce peut être aussi un actionnaire (au moins une action à 272 fr.) de la BCVs (Banque Cantonale du Valais) ou le détenteur d’un Fonds jaune à La Poste. Bref, ce n’est pas un client «nu», qui ne dispose que d’un simple compte courant avec juste ce qu’il faut pour ne pas se laisser prendre à découvert.
Tel sera pourtant le cas de notre exemple. Monsieur X, 36 ans, n’est en effet ni riche ni pauvre. Il a un salaire mensuel de 5000 fr. et son avoir moyen (moyenne annuelle de la somme disponible sur son compte) est de 2500 fr.
Scénario
Son employeur lui verse son dû sur un compte salaire, gratifié d’un petit intérêt (A: voir tableau). Il a demandé une carte EC (B) avec laquelle il fait ses paiements deux fois par semaine dans divers commerces suisses (C), retire régulièrement de l’argent au bancomat de sa banque, mais une fois par mois aussi dans un bancomat de la concurrence (D). Dans l’année, il s’est également rendu cinq fois au guichet de sa banque: deux fois pour faire des retraits en liquide (E), deux fois pour faire un versement de 500 € de banque à banque en France (F), une fois pour changer l’équivalent de 800 francs suisses en euros (G)
Toutes les fins de mois, Monsieur X fait ses paiements mensuels par courrier (H). Chaque mois aussi, il paie son loyer (1200 fr.) via un ordre permanent (I) et son assurance maladie par un recouvrement direct (LSV) (J).
Comme il est très méticuleux, il exige un avis détaillé pour chaque paiement mensuel par courrier (K), plus un extrait de compte mensuel (L). Certaines de ces opérations sont inclues dans le forfait de gestion (M), mais pas toutes. Fin 2003, il décide donc de quitter sa banque (N) et de transférer son argent dans un nouvel établissement (O).
Différences étonnantes
Nous avons demandé à 11 banques (la Raiffeisen n’a pas été retenue, car chaque coopérative pratique des tarifs différents, tout comme la Banque Alternative, qui n’offre pas la plupart des services comparés), et à La Poste de calculer les frais que toutes ces opérations auraient coûté (P). Nous en avons ensuite déduit la somme des maigres intérêts qui seront versés à Monsieur X pour 2003 (pour autant que le taux ne change pas durant l’année) (Q) et ainsi obtenu un total représentant ce qu’il paiera en fin d’exercice (R).
Ce montant varie du simple au quintuple selon que Monsieur X a un compte à la Banque Cantonale du Jura ou à l’UBS. Ce sont d’ailleurs les trois banques les plus importantes qui facturent les frais les plus élevés. La Poste, qui n’a commencé à facturer ses frais qu’en avril 1999, s’est aussi vite rattrapée, n’entrant dans la moyenne que du bout des chiffres. La Banque Migros enfin est handicapée par la facturation de 20 centimes pour chaque emploi d’une carte EC (mais pas de sa carte personnelle) dans les commerces.
Les appréciations ont été données en fonction du montant des frais, selon qu’il est dans la moyenne (+ ou – 15%), au-dessus ou au-dessous. Bien sûr, si Monsieur X avait été un «bon» client, comme décrit dans le premier paragraphe, ce tableau serait considérablement modifié. Les banques le savent et jouent là-dessus: vous comparez ce qui n’est pas comparable, nous disent à l’unanimité celles qui ont opté pour le système «plus vous avez, moins vous payez». Mais c’est précisément parce que ce même système pourrait s’appeler «moins vous avez, plus vous payez» que nous avons opté pour le modeste exemple de Monsieur X.
e-banking
L’UBS ayant récemment annoncé à ses clients qu’elle facturerait désormais un certain nombre de prestations de son service e-banking, nous avons demandé aux banques les mêmes informations et procédé aux mêmes calculs pour Monsieur X s’il gérait son compte via Internet et décidait donc de ne recevoir aucun justificatif sur un support en papier. Pour des raisons de place, nous ne publions que le total (S). A deux exceptions près, la réduction des frais varie de 25 à 85%. Monsieur X paiera, par exemple, moins de 10 fr. à la BCBE (Banque Cantonale de Berne) ou à la BCGe (Banque Cantonale de Genève)!
Une crainte pourtant: que d’autres banques suivent l’exemple de l’UBS et augmentent prochainement leurs tarifs. Mais, bien sûr, tout le monde nous a assuré du contraire...
Christian Chevrolet