Un montant à trois chiffres: 283.90 fr. C’est la somme que la Banque Cantonale de Genève (BCGE) prélève en décembre sur le compte salaire de Sabrina Décaillet à titre de frais de gestion pour l’année 2008. Jugeant la somme exorbitante, notre lectrice exige des explications. En vain.
«Au téléphone, on m’a dit que les conditions de gestion du compte salaire avaient changé au 1er octobre, sans autre précision», raconte cette mère de famille. A un mail qu’elle écrit en janvier, la banque lui envoie une réponse type par courriel. La Genevoise décide du coup de fermer tous ses comptes. «Au guichet, un employé m’a dit que je n’étais pas la seule.»
Une «erreur»
Interpellée par Tout Compte Fait, la banque reconnaît «un dysfonctionnement», dû à un changement de système informatique. La bourde porte précisément sur les frais d’écriture. «Cette erreur a été réparée à notre initiative, explique Nicolas de Saussure, porte-parole, sans se prononcer sur le cas de la Genevoise, secret bancaire oblige. Les frais indus ont été remboursés. Il n’y a donc pas eu de dommage.» Combien de clients sont-ils concernés? Il refuse de le dire.
Sabrina Décaillet a été certes indemnisée: un montant de 176 fr. lui a été rétrocédé automatiquement, le 14 janvier, portant à 107.90 fr. les frais à sa charge. Un nouveau coup de fil ne lui permet toutefois pas d’en savoir davantage. Le porte-parole admet qu’un tel manque d’informations est «regrettable». Une lettre personnalisée a pourtant été envoyée par la banque aux clients qui se sont plaints. Mais la Genevoise n’en a pas reçu: elle a seulement écrit un email.
Cette bévue mise à part, le compte salaire de Sabrina Décaillet a donc été débité de 107.90 fr. «Jamais la banque n’avait prélevé une telle somme auparavent, assure-t-elle. Pour 2007, les frais de gestion, s’élevaient à 35 fr., y compris les frais de port!»
Donner d’un côté, reprendre de l’autre
La banque confirme qu’elle a bel et bien modifié la façon de considérer les frais d’écriture le 1er octobre (avec effet rétroactif au 1er janvier 2008): les 60 premières écritures sont gratuites, puis coûtent 50 ct. par ligne supplémentaire. Avant cette date, seules les écritures au crédit bénéficiaient de cette gratuité jusqu’à la 60e ligne, alors que les débits (nettement plus nombreux) étaient intégralement facturés 50 ct. chacun. Le changement est donc à l’avantage des clients. Mais la BCGE n’a toutefois pas jugé nécessaire de les en avertir, estimant que la tarification n’avait pas changé. Une autre lettre de lecteurs s’indigne d’ailleurs de ce manque de transparence.
Ce beau geste, la BCGE l’a toutefois compensé en appliquant à la lettre sa tarification des frais d’écriture dans le même temps! Au-delà de la 60e ligne, toutes sont ainsi devenues payantes, alors qu’auparavant la banque était plus souple. Nicolas de Saussure: «Avant 2008, certaines écritures étaient exonérées, par exemple celles liées à l’utilisation de la carte Maestro.
A présent, en contrepartie à cette application stricte, nous avons plafonné, à bien plaire, ces frais à 100 fr.» Réaction de Sabrina Décaillet, dont les frais, rappelons-le, dépassent cette limite de 100 fr. pour une raison toujours inexpliquée: «Un jour elle exonère et, le lendemain, elle applique son tarif, ce n’est pas très honnête.»
Contesté, ce système des frais d’écriture pourrait bientôt avoir une fin. «Nous étudions l’introduction d’un forfait équitable, avance le porte-parole. C’est plus simple à gérer.»
Nicolas Zeitoun
Qu’est-ce qu’une écriture?
Payer ses achats au moyen d’une carte Maestro génère ce qu’on appelle une écriture. Elle figure sur le relevé de compte mensuel de la banque. Cette ligne d’écriture peut être faite au crédit (versement du salaire par exemple) ou au débit (achats). Effectuer ses paiements via l’e-banking de la BCGE, ne génère en revanche aucun frais d’écriture, selon la banque.