Conçue à l’origine comme un gadget pour yuppie branché, la mini-trottinette a conquis le cœur des enfants, des ados et des adultes, au point de détrôner skates et rollers. On a pourtant tendance à l’oublier: elle n’est pas dépourvue de risques, surtout pour son utilisateur (voir encadré). Les accidents sont imputables le plus souvent à une vitesse trop élevée, à l’absence de vêtements de protection… et à la trottinette elle-même: matériel de piètre qualité, mais aussi conception ludique peu adaptée aux réalités de la circulation urbaine.
Car la trott’ est un engin dangereux:
• Les petites roues: dures, elles n’amortissent pas les chocs. A la moindre irrégularité (cailloux, bords de trottoir ou voies de tram), la trott’ perd le contact avec le sol… et la roue y laisse parfois un gros morceau.
• Les freins: peu efficaces, ils ne sont pas adaptés à des vitesses supérieures à 30 km/h. Une vitesse que les jeunes casse-cou atteignent (et dépassent) couramment. En outre, le freinage use (irrégulièrement) la roue arrière à vitesse grand V.
• Les poignées: mince revêtement de mousse autour du guidon, elles se détendent très vite et rendent impossible la maîtrise de la direction. Résultat: la trott’ est ingouvernable.
Heureusement, le progrès rattrape tout, même les trottinettes. Alors que les modèles équipés de roues de polymère plein régnaient l’an dernier sur le marché, ceux à pneus font fureur depuis le début de l’an. Notre test montre que cette caractéristique leur confère un gros avantage en termes de sécurité.
Laquelle choisir?
Quelle trott’ peut donc satisfaire un consommateur critique (et prudent), mais un peu désorienté par un marché confus et pléthorique? Pour le découvrir, Bon à Savoir a confié à l’Institut allemand pour la recherche et l’information (IPI) le soin de tester quinze modèles, achetés chez les fournisseurs les plus hétéroclites: magasins de sport, grandes surfaces, Radio TV Steiner, Chaussures Vögele, etc.
Au banc d’essai
• Conception: les experts de l’IPI se sont tout d’abord penchés sur la construction même de l’engin et ses éventuels points faibles:
• Les finitions sont-elles «propres»?
• Y a-t-il un risque de se coincer un doigt lors du pliage ou du dépliage de la trottinette, ou en ajustant la hauteur du guidon?
• Peut-on se blesser au contact d’une partie saillante?
• Les poignées (amovibles) du guidon s’encliquètent-elles bien dans la potence? En position démontée peut-on les fixer à la tige d’une façon ou d’une autre?
• L’engin peut-il se fermer accidentellement en cours d’utilisation?
• Les roues et la languette métallique de frein sont-elles bien fixées et suffisamment stables?
Cette phase du test a coûté au modèle Le Kick Deluxe ses chances d’accéder au premier rang: les experts ont vu dans son mécanisme «compliqué et délicat» des risques élevés pour l’utilisateur de se coincer un doigt. Les modèles Big Star et City Speeder n’ont pas convaincu davantage: tous trois n’obtiennent qu’un «insatisfaisant» quant à ce critère.
Les Micro décevantes
• Confort: l’IPI a mesuré la force nécessaire à un utilisateur pesant entre 20 et 40 kg pour mettre la trottinette en mouvement. Car plus elle roule facilement, plus grand est le plaisir. Les engins équipés de pneus montrent ici leurs limites, surtout lorsque le gonflage est insuffisant, puisqu’ils réclament alors de plus gros efforts.
• Freinage: quelle distance faut-il à un mini-scooter roulant à 15 km/h pour s’arrêter? Les experts ont mis les engins à l’épreuve aussi bien sur sol sec que sur sol mouillé, le «conducteur» simulé pesant entre 70 et 75 kg.
En la matière, la grosse déception provient des engins de la firme pionnière Micro: plusieurs trott’ ont eu d’énormes difficultés pour stopper, surtout sur bitume mouillé. Preuve en est ce petit «palmarès» des modèles ayant mis plus de 8 m pour s’arrêter:
– Le Kick Deluxe
– Micro Skate Scooter Air
– Micro Skate Scooter Junior
– Micro Skate Scooter Pro
– TranzX
– Motion Board
– City Speeder.
• Solidité: le critère le plus sévère! Les points suivants ont été examinés:
• Les trottinettes supportent-elles un parcours de 50 km de long sur un terrain caillouteux, montées par un conducteur de 40 kg?
• Le mécanisme de pliage supporte-t-il sans dommage une centaine d’ouvertures et de fermetures?
• De quelle ampleur est l’usure de la roue arrière par le freinage?
• Le scooter est-il sensible à la rouille?
• Dans quel état le marchepied sort-il d’une série de neuf sauts de 30 cm de haut effectués par un pilote pesant une trentaine de kilos?
Rude épreuve: certains marchepieds se sont pliés jusqu’à toucher le sol… Plus inquiétant, la suspension de l’axe arrière s’est brisée sur certains engins: City Speeder, Racer Scooter – un modèle retiré de la vente cet hiver – Motion Board et TranzX.
Les plus du pneu
Cette dernière série d’épreuves a été à l’avantage des trott’ équipées de pneus, pour deux raisons: les grosses roues gonflées d’air amortissent mieux les chocs, et s’usent moins lors du freinage. Quant à l’épreuve de distance, elle n’a fait que deux victimes: le modèle Big Star équipé de roues lumineuses, qui y a laissé ses poignées, et le City Speeder dont le revêtement antidérapant du marchepied s’est décollé.
Ce sont les mêmes modèles qui ont accusé des faiblesses face à la rouille. Après un laps de temps assez bref, des traces de corrosion apparaissaient déjà sur la fourche, sur les mécanismes de fermeture, ainsi que sur les différentes vis.
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