Au moindre mal de tête ou de sensation de douleur, le premier réflexe est de faire un détour à la pharmacie du coin pour acheter quelques comprimés. Il est vrai que l’automédication permet d’éviter une consultation médicale et de se soigner rapidement à moindre coût. Si c’est une option pertinente lorsqu’on connaît parfaitement les symptômes, elle ne doit pas, pour autant, être prise à la légère.
Normalement, les médicaments vendus sans ordonnance sont sûrs. Et les pharmaciens sont censés faire une rapide anamnèse du patient pour le renseigner judicieusement. Mais, malheureusement, la qualité du conseil laisse parfois à désirer (lire «Pharmacies: la qualité du service est souvent médiocre», BàS 10/2014). Il est donc primordial, pour le consommateur, de rester prudent en consultant attentivement la notice d’utilisation des médicaments. D’autant que la politique de santé tend vers un accès facilité aux produits thérapeutiques (lire encadré).
Attention au dosage!
Les médicaments en vente libre les plus couramment utilisés sont l’aspirine, l’ibuprofène et le paracétamol. Et, même s’ils sont régulièrement consommés, il est important de respecter les posologies de base. Pour le paracétamol et l’aspirine, la limite se situe à 500 mg chaque quatre à six heures, soit 2 à 3 g tout au plus par jour pour un adulte. Pour l’ibuprofène, le seuil est à 200 mg (également chaque quatre à six heures), donc entre 0,8 g et 1,2 g par jour au maximum. On peut, dans certains cas, augmenter encore ces quantités. Mais, sans l’avis d’un médecin, il ne faut pas dépasser 4 g par jour pour le paracétamol et l’aspirine et 2 g pour l’ibuprofène.
Il est également impératif de prendre connaissance des contre-indications. Les femmes enceintes, par exemple, devraient éviter l’aspirine et l’ibuprofène. Elles peuvent se soigner avec du paracétamol, mais en se limitant au strict minimum, par mesure de précaution. Les interactions avec d’autres remèdes et certaines maladies ne doivent pas être sous-estimées non plus. Thierry Buclin, médecin-chef de la Divison de pharmacologie du CHUV évoque les anti-inflammatoires qui ne doivent pas être pris lorsque le patient souffre de maladies rénales. Même à doses modérées, le paracétamol peut, lui aussi, être toxique pour celles et ceux qui ont des graves problèmes de foie.
Abus et dépendance
Même si l’on observe toutes les précautions nécessaires, l’automédication devrait rester occasionnelle. Car tout excès peut être problématique, notamment en termes de dépendance. Les somnifères, les laxatifs ou encore les remèdes contre les maux de tête sont les premiers concernés. A force d’en abuser, ils n’ont plus le moindre effet, car le corps entre dans une phase de «tolérance progressive». Le risque de dépendance guette aussi les sportifs qui détournent certaines préparations comme l’ibuprofène pour augmenter leur résistance à la douleur.
L’autre danger, c’est la médicalisation à outrance en considérant ces produits comme solution au moindre problème de santé. Thierry Buclin rappelle qu’il est essentiel d’écouter les signaux de son corps et de se poser les bonnes questions: ai-je suffisamment dormi? Ai-je mangé correctement? Ai-je fait assez d’activité physique?
Evidemment, il arrive que des maux persistent et ne soient pas liés au mode de vie. A quel moment doit-on dès lors cesser de se soigner tout seul? Pour le spécialiste, il faudrait, en principe, consulter un médecin si des symptômes aigus persistent après avoir pris des médicaments plusieurs fois par jour durant une semaine ou quand ils sont chroniques et appellent à la prise de remèdes plus de trois fois par semaine.
Marie Tschumi
ZOOM
Du Ponstan sans ordonnance?
La loi sur les produits thérapeutiques – qui traite notamment de la facilitation de la délivrance de médicaments sans ordonnance – est en pleine révision. Dans les mois à venir, le Conseil national doit encore donner son accord aux nouvelles modalités émises par le Conseil des Etats. Celui-ci demande que certaines préparations, jusqu’à présent prescrites par des médecins, puissent être vendues par les pharmaciens. Mais à deux conditions: il doit y avoir un contact direct entre ces derniers et les patients, et la remise du produit doit être consignée. Le Conseil fédéral désignera lui-même la liste des médicaments concernés. Les anti-inflammatoires, comme le Ponstan, et des analgésiques, à l’instar du Dafalgan 1000 mg, pourraient notamment en faire partie.