Fidèle lecteur fribourgeois de Bon à Savoir, Henri * a récemment reçu un appel surprenant sur son portable professionnel. Une femme prétendait avoir trouvé un mot de ce dernier sur son pare-brise, expliquant qu’il avait embouti son véhicule. L’interlocutrice demandait à notre lecteur de contacter son assurance pour prendre en charge tous les frais.
Son étonnement passé, Henri a pensé qu’il s’agissait d’une tentative d’arnaque à l’assurance. Il a donc raccroché avant la fin de l'appel, puis rappelé ultérieurement sa mystérieuse interlocutrice. Un répondeur lui a alors appris que s’il avait reçu un appel téléphonique depuis ce numéro (022 518 47 53), c’est parce que quelqu’un qu’il connaît lui a fait une blague avec l’application Juasapp. La voix suggérait de télécharger l’application sur Google Play et AppStore si l’on veut soi-même jouer au petit plaisantin et précisait que les personnes qui ne souhaitent plus recevoir de canular doivent écrire un courriel.
Henri, qui avait malencontreusement percuté un scooter quelques jours auparavant n’a guère goûté à cette plaisanterie. Il ignore toujours si l’une de ses connaissances, amie ou ennemie, est à l’origine de l’affaire.
Des blagues pas drôles et payantes
L’application a été créée par Miraclia, une société espagnole basée à Madrid. L’utilisateur choisit un canular parmi une liste, puis introduit le numéro téléphonique de la victime et la date à laquelle il souhaite que le coup de fil ait lieu. Le destinataire reçoit un appel comportant un monologue d'une voix préenregistrée, entrecoupée de plages de silences pour faire croire à l'appelé que son interlocuteur l'écoute de temps en temps. Le choix proposé inclut vingt thèmes différents, tout à fait susceptibles d’effrayer le destinataire comme des accusations d’excès de vitesse, de fraude fiscale, d’activité suspecte sur les réseaux sociaux, d’accrochage en voiture, etc.
La «victime» est avertie de la supercherie en fin de conversation. Mais encore faut-il écouter jusqu'au bout! Ce n'est, il est vrai, pas particulièrement méchant, et pas répréhensible du point de vue pénal puisqu'il ne s'agit pas d'une menace grave (art. 180 CP). Mais ce n'est pas vraiment drôle non plus. Et surtout, c'est payant! Miraclia a ainsi débité 2.19 fr. de notre compte pour l’achat de trois blagues. Le coût varie de 1.09 fr. à 40 ct. la blague selon le nombre de crédits achetés.
Sébastien Sautebin
* prénom d’emprunt