Le rayonnement des téléphones nuit-il à la santé? Aucune étude n’a encore réussi à le prouver, ni à le démentir. Dans le doute, mieux vaut donc diminuer au mieux l’exposition à ces rayons. Précaution particulièrement indiquée pour les jeunes utilisateurs, comme l’a récemment souligné une commission d’experts, mandatée par le gouvernement britannique: «Les enfants devraient utiliser le moins possible les téléphones mobiles.»
Car le principe même d’un tel appareil, c’est d’émettre et de recevoir des ondes. Lorsqu’il émet, il diffuse un rayonnement dit non ionisant, qui réchauffe les tissus du corps se trouvant à proximité, par exemple ceux de la tête. Une énergie qui est donc susceptible de chauffer le cerveau ou les yeux.
Fabricants insouciants
Les fabricants de téléphones mobiles le savent. Pourtant, ils ne s’en soucient guère vu les résultats de notre test des 28 appareils de dernière génération (900 megahertz) les plus vendus.
Deux modèles seulement, le Nokia 8850 et l’Aria de Trium émettent très peu ou peu de rayonnement. Les 26 autres exposent nos têtes à des rayons d’intensité moyenne à forte (voir tableaux ci-dessous et en pp. 22-23).
Le rayonnement des téléphones a été mesuré par la firme australienne EMC Technologies. La méthode et les appareils de mesure de l’absorption des rayonnements dans la tête ont été développés par un chercheur zurichois, Niels Kuster. Cela permet d’établir le taux d’absorption spécifique (TAS) pour chaque appareil. Soit la quantité d’énergie en watts par kilo de poids corporel que le crâne absorbe pendant une communication. Plus ce taux est élevé, plus l’appareil chauffe les tissus à proximité.
Echelle d’appréciation
A l’OFSP (Office fédéral de la santé publique), Mirjana Moser estime insuffisante la seule indication du TAS, qui ne dit pas grand-chose au consommateur. Elle souhaite donc en plus une échelle d’évaluation indiquant clairement avec quel mobile on s’expose à un rayonnement fort, moins fort ou faible: «Nous ne pouvons pas déclarer que le rayonnement d’un Natel qui respecte la valeur limite de 2,0 watts par kilo (réd.: fixée par le Comité européen de normalisation électronqiue) est «fort». Mais nous pouvons indiquer quel pourcentage de cette valeur limite il atteint.» Elle propose donc l’échelle suivante, qui nous a servi pour établir notre appréciation:
- très faible: moins de 12,5% de la valeur limite (2,0 watts);
- faible: 12,5 à 25% de la valeur limite;
- moyen: 25,1 à 50% de la valeur limite;
- fort: 50,1 à 100% de la valeur limite.
Consommateurs inquiets
L’indication serait certes appréciée des consommateurs inquiets, qui ne cessent de demander quels appareils émettent le moins de rayons. C’est le constat fait tant par Kyra Hofmann, qui dirige le service téléphones mobiles de Media-Markt à Dietlikon (ZH), que par Mirjana Moser de l’OFSP.
Du côté des défenseurs des consommateurs, on exige d’ailleurs de longue date une déclaration des valeurs TAS de la part des fabricants. Mais ceux-ci rechignent encore à les faire figurer clairement sur l’emballage comme le souhaitent les autorités. Ils voudraient simplement indiquer le taux d’émission dans le mode d’emploi. Les trois grands du mobile – Ericsson, Motorola et Nokia – se sont certes engagés à ratifier en début de l’année prochaine une norme pour définir une méthode unique de mesure. Mais eux aussi veulent seulement indiquer les valeurs sur une feuille volante dans l’emballage, ou dans le mode d’emploi. Or, rares sont ceux qui le lisent au moment de l’achat!
D’ailleurs, même si les fabricants nous informent un jour clairement sur le rayonnement de leurs appareils, un doute persistera, car ces valeurs sont fournies par les fabricants eux-mêmes, sans contrôle des autorités. C’est pourquoi la Fédération romande des consommateurs et les autres organisations de défense des consommateurs du pays exigent un contrôle indépendant de la déclaration des fabricants. Ce d’autant plus que la prochaine génération de portables, capable de transmettre des images vidéo en temps réel, émettra des ondes nettement plus fortes que les mobiles actuels.
Intérêt des fabricants
Les fabricants auraient d’ailleurs tout intérêt à fabriquer des mobiles qui envoient le rayonnement le plus loin possible de son utilisateur. Car plus la tête absorbe ces ondes, plus l’appareil utilise d’énergie pour établir une communication, vidant proportionnellement son accu. Or, l’autonomie des mobiles est leur meilleur argument de vente! Leurs fabricants feraient donc mieux de cesser de nous chauffer inutilement les neurones, et d’utiliser plutôt le rayonnement pour la transmission des appels.
Difficile également de comprendre pourquoi il existe des appareils tel le 8810 de Nokia, qui émet un très faible rayonnement, et d’autres tel le Nokia 6210, qui en émet sept fois plus. Même triste constat pour Ericsson: dans un test mené par notre partenaire alémanique K-Tip l’an dernier, le 1888 World exposait l’utilisateur a environ 65% de rayonnement en moins (TAS 0,37) que le nouveau mobile culte T28s (TAS 1,27). De même, le petit StarTac 130 de Motorola était le moins «rayonnant» à l’époque (TAS 0,07). Mais aujourd’hui, le minuscule V3690 de cette même marque «grille» les neurones en émettant 15 fois plus de rayons.
Ericsson rétorque que tous ses appareils correspondent aux valeurs limites européennes. Même point de vue chez Swisscom. Qui estime de plus que les résultats de notre test seraient fortuits, et non comparables entre eux.
Pour finir sur une note réjouissante: le Genie de Philips, qui exposait l’utilisateur à un fort rayonnement, a été remplacé par l’Ozeo, qui n’en émet plus que le tiers!
Conseils d’utilisation
Enfin, quelques conseils d’utilisation pour réduire au maximum l’exposition aux ondes de votre portable:
- Tenez l’appareil avec l’antenne pointée vers le haut.
- Evitez les communications longues. Contentez-vous de conversations de quelques minutes seulement.
- Eteignez l’appareil quand vous n’en avez plus besoin.
- Utilisez une installation mains-libres, qui permet de tenir le mobile éloigné de votre tête.
- Enfin, n’oubliez pas qu’il est interdit de téléphoner en voiture, sous peine d’une amende de 100 fr. A moins d’utiliser justement un système mains-libres.
Questions-réponses
Les appareils rayonnent même quand ils n’émettent pas
En peu de temps, le téléphone mobile est devenu un petit objet qui nous accompagne partout. Bon à Savoir répond aux questions les plus importantes au sujet de leur rayonnement.
- Le mobile émet-il un rayonnement uniquement lorsqu’on téléphone?
Non. L’appareil émet aussi un rayonnement, bien plus faible, en mode stand-by. Car il maintient le contact avec la station de base (antenne), pour indiquer sa position à l’opérateur, et pour contrôler si quelqu’un est en train de l’appeler. Ce n’est qu’une fois éteint qu’il n’émet plus, car il n’y a plus de flux d’énergie. - Les protections contre le rayonnement sont-elles efficaces?
Dans la plupart des cas, ces absorbeurs de rayonnement ne valent rien. S’ils absorbaient vraiment le rayonnement, vous ne pourriez plus téléphoner. Car le flux d’énergie transporte en même temps votre voix et celle de votre correspondant. - Est-ce l’antenne du téléphone mobile ou l’appareil lui-même qui dégage la plus forte charge de rayonnement?
Bien que l’antenne utilise un émetteur plus fort, c’est l’appareil qui soumet l’utilisateur à un rayonnement plus intense. Et ce dernier est directement absorbé par sa tête. L’antenne rayonne sur tout le corps, mais moins fortement. - Le téléphone sans fil émet-il autant de rayonnement que l’appareil mobile?
Non. Les téléphones sans fils dégagent seulement 5% du rayonnement d’un Natel, puisqu’ils ne doivent émettre qu’à 300 m au plus.
La mauvaise réception d’un mobile influence-t-elle le rayonnement?
Oui. Plus on est éloigné de l’antenne ou plus le signal est faible, plus le téléphone doit émettre fort pour établir une bonne communication.
Comment une installation mains-libres influe-t-elle sur le rayonnement?
Même si le magazine pour consommateurs anglais Which a rapporté que les mains-libres augmenteraient encore le rayonnement, des instituts indépendants (dont EMC Technologies qui a effectué notre test), ont prouvé le contraire. Ces installations réduisent la charge sur le cerveau à un niveau minimal. A condition de ne pas porter l’appareil à la hauteur de sa tête.
Autre test
Solidité vérifiée
Le magazine J’achète mieux publie dans son numéro de décembre un test européen de solidité et de fiabilité de 25 portables, dont 9 avec fonction WAP. Critères d’évaluation: la facilité d’emploi, la résistance aux chocs, la qualité du son, la sensibilité au réseau (900 Mhz et 1800 Mhz) et la performance de l’accumulateur.
Le résultat du test est plutôt réjouissant, puisqu’aucun des appareils testés n’a mérité la mention «peu satisfaisant». Tous ont ainsi été jugés «bon» ou du moins «satisfaisant».
Dans les bons appareils, sans fonction WAP: l’A2618S d’Ericsson (349 fr.), le L7089 Tri Band (445 fr.) et le V3690 (795 fr., le «grille-neurones» de notre test!) de Motorola, le très populaire Nokia 3210 (349 fr.) et l’élégant 8850 (1298 fr.) de la même marque, ainsi que le Panasonic EB-GD92 (499 fr.) et le Sony CMD-CD5 (398 fr.).
Parmi les appareils WAP, cinq sur neuf ont obtenu la mention «bon», quatre un «satisfaisant à bon». Un seul modèle, le Siemens M35i (448 fr.), n’a mérité qu’un «satisfaisant».
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