Fraîche ou surgelée, la pizza est un must de la cuisine minute. Les Suisses en sont friands, surtout de la Margherita et de la Prosciutto, selon Coop et Migros. Les pizzas fraîches qui se conservent au frigo sont les plus vendues, les congelées représentant, elles, 38% des ventes.
Outre leur goût, nous voulions en savoir plus sur leur qualité nutritionnelle, l’éventuelle présence de germes, mais aussi l’exactitude des informations figurant sur les emballages. Nous avons donc confié au Laboratoire Dr. Graner & Partner quinze pizzas au jambon, huit fraîches et sept surgelées (lire les critères du test dans l’encadré ci-contre).
Résultat: aucune préparation ne décroche la mention «très bon». Toutes se situent entre les appréciations «bon» et «satisfaisant», à l’exception de l’une d’entre elles qui est frappée d’un «peu satisfaisant» (voir tableau).
Notre test révèle aussi que la pizza la moins chère, la Riggano, termine en tête (5.4/6). Elle est talonnée par un produit Denner (5.3/6), qui est moins grasse que la gagnante. Le bonnet d’âne coiffe la Mantua (3.9/6), rétrogadée à cause de la mauvaise qualité de la viande.
Précuite et parfois prébrûlée!
Si l’on s’en tient aux qualités gustatives, à l’apparence et à l’odeur – critères qui comptent pour 40% de la note globale –, le constat est encore plus amer: sept galettes obtiennent la mention «bon», cinq sont jugées «satisfaisant» et trois carrément «peu satisfaisant».
Selon nos experts, une pâte digne de ce nom devrait être fine et croustillante. Or, celle de Lidl était caoutchouteuse, dure et farineuse après cuisson. Idem pour les produits Weight Watchers et Betty Bossi, qui sont, en plus, fades et collants. Enfin, trois pizzas étaient en partie brûlées avant même le passage au four.
La Mantua remporte la palme du mauvais goût, exhalant une odeur de jambon qualifiée d’«inacceptable». L’analyse chimique a par ailleurs révélé que ledit jambon était particulièrement gorgé d’eau. A l’inverse, les produits Aldi, parmi les moins chers de l’échantillon, ont recueilli les commentaires les plus positifs: «goûteux, aromatiques, juteux, bien garnis avec du bon jambon et des olives».
Trop de lipides...
Le point fort de la pizza toute prête est qu’elle cale vite et bien. Trop bien. Pour un homme de corpulence normale, âgé de 25 à 50 ans et qui bouge peu, un repas ne devrait pas excéder 720 kilocalories (kcal). Or, dans notre échantillon, la charge était comprise dans une fourchette de 583 kcal (Weight Watchers) à 884 kcal (Betty Bossi). Ajoutez encore une salade et une boisson sucrée et le compte est bon! Sinon dépassé. La Finizza, de Migros, est la plus chargée en lipides.
...et trop de sel
Non contentes d’être grasses, les pizzas évaluées sont, pour la plupart, trop salées. Huit dépassent la dose de 5 g par jour, recommandée par la Commission fédérale de l’alimentation. La pizza Betty Bossi accuse même 7,3 g de sel sur la balance. Seules les Mantua, Weight Watchers et Trattoria Alfredo sont acceptables, eu égard à leurs teneurs en sel et en lipides. Mais aucune d’elles n’a convaincu par son goût.
Ou est donc passé le jambon?
Bon à Savoir s’est aussi penché sur l’étiquette. Nouvelle déception: dans six cas sur quinze, la proportion de jambon était nettement inférieure à celle annoncée; 33% de moins dans le cas de la Trattoria Alfredo.
Constat rassurant: les chercheurs n’ont trouvé aucun germe pathogène dans les quinze pizzas testées.
Réaction des détaillants
Confronté aux résultats de notre test, Lidl indique que des mesures internes n’ont pas révélé d’erreurs significatives quant aux quantités figurant sur l’emballage. Le discounter suppose que nous sommes tombés sur un «cas particulier», s’engageant toutefois à enquêter auprès du fournisseur.
De même, la porte-parole de Coop invoque un cas isolé pour expliquer la trop faible quantité de jambon mesurée sur sa pizza. Et de promettre que les contrôles seront doublés. Coop s’étonne aussi des critiques essuyées par ses produits, qui auraient été jugés bons, voire très bons, au cours de dégustations internes.
Pour justifier l’écart entre la masse de jambon annoncée et celle décelée, Migros précise que cette charcuterie a pu rendre une partie de son eau depuis la date de fabrication, eau qui aurait migré dans la pâte.
Chez Denner, on dit ne pas comprendre l’appréciation des testeurs. Selon l’enseigne, le jambon utilisé dans la Mantua correspond au goût d’un produit typique de la cuisine italienne. De même, les parties légèrement brûlées conféreraient une touche d’authenticité appréciée des consommateurs.
Andreas Schildknecht / phc
EN DÉTAIL
Les critères du test
Le Laboratoire Dr. Graner & Partner, de Munich, a testé les quinze pizzas précuites selon les critères suivants.
1 / Goût, odeur et apparence: six experts ont préparé les pizzas selon les indications du fabricant, afin d’en évaluer l’apparence, le fumet, le goût, la qualité de la croûte et des autres ingrédients. Elles ont aussi été jugées à l’état brut, juste sorties de l’emballage.
2 / Qualité du jambon: le laboratoire a relevé la part de tissus conjonctifs, d’eau et de protéines contenue dans le jambon, afin d’en déterminer sa qualité. Les échantillons renfermant trop d’eau ou de tissus conjonctifs ont été dévalués.
3 / Qualité nutritionnelle: les experts ont calculé la masse de sel, de protéines et de graisses contenue dans chaque galette. Ils se sont basés sur les valeurs nutritionnelles de référence des sociétés suisse, allemande, autrichienne de nutrition ainsi que sur les recommandations de la Commission fédérale de l’alimentation.
4 / Etiquettage: les différents ingrédients ont été pesés, puis ces valeurs comparées aux indications fournies sur l’emballage. Des écarts de 20% ont été sanctionnés.
5 / Qualité microbiologique: la présence de germes indésirables, tels que les moisissures, la salmonelle, la listéria ou les bactéries fécales, a été vérifiée par le laboratoire.