A côté des piles alcalines jetables, les consommateurs peu vent aujourd’hui choisir d’acheter leurs cousines rechargeables. Ces dernières sont nettement plus chères à l’achat, mais permettent de vraies économies sur la durée. Selon un calcul de Rolf Zinniker, expert à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, leur coût de revient après 30 utilisations est jusqu’à six fois moins élevé (lire encadré «Jusqu’à six fois moins chères»).
Assez logiquement, les piles réutilisables sont particulièrement recommandées pour les appareils gourmands, qui nécessitent des changements fréquents de batteries. L’offre étant relativement abondante, il reste dès lors à faire le bon choix parmi les différentes marques.
Notre expert, Rolf Zinniker, a testé douze modèles de format AA. Sept d’entre eux doivent être chargés avant usage. Les cinq autres appartiennent à la catégorie «ready to use», autrement dit prêts à l’emploi. Comme leur nom l’indique, ces derniers doivent pouvoir être utilisés directement après leur achat.
Les meilleures... les moins chères
Les résultats montrent des différences marquées et une excellente surprise: les deux produits les moins chers finissent, chacun, en tête de classement et obtiennent l’appréciation «très bon». Meilleures des «ready to use», celles Accubattery, de Swissbatteries, vendues 14.80 fr. en paquet de quatre, reviennent ainsi à 3.70 fr. pièce. Les Ladda, d’Ikea, finissent, quant à elles, en tête des versions à charger préalablement. Leur prix est de 19.95 fr. pour un pack comprenant quatre AA et quatre AAA. Le coût moyen des autres piles achetées est de 6.70 fr. l’unité.
M-Power vite essouflé
La durée de vie a été le critère le plus important de notre évaluation. Beaucoup de fabricants mentionnent que leurs batteries peuvent être rechargées jusqu’à mille fois. De notre côté, nous les avons soumises à un cycle de 100 charges et décharges. Toutes ont franchi cette limite, à l’exception des M-Power Accu, qui ont rendu l’âme après 64 passages et les Duracell Rechargeable Accu, à bout de souffle après 82 utilisations. Des résultats peu glorieux, mais qu’il faut relativiser lorsqu’on sait que, dans la pratique, les piles rechargeables sont jetées après une trentaine d’utilisation en moyenne. Leurs notes respectives ont donc été de 3 et de 4.6 pour ce critère.
Le marketing gonfle les chiffres
La capacité d’une pile se mesure en milliampères-heures (mAh). Plus cette valeur est élevée, plus son autonomie est grande. Mais les chiffres fournis sur les emballages sont parfois exagérés, prévient Rolf Zinniker: «Il s’agit souvent d’une démarche marketing: une valeur élevée est une bonne pub.» Ainsi, lors de nos tests, les Ansmann n’ont atteint que 2464 mAh, au lieu des 2850 mAh annnoncés, et les Conrad Energy 2484 mAh, plutôt que 2700 mAh. Mais la plus grande différence a été mesurée avec les M-Power qui affichent 2500 mAh, alors que nos mesures n’ont relevé que 1766 mAh. Migros se dit étonnée des résultats qui seraient différents de ses propres tests internes. Le géant orange ajoute n’avoir pas reçu beaucoup de réclamations de ses clients. Bonne nouvelle cependant du côté d’Ikea et de Swissbatteries, dont les capacités réelles étaient supérieures à celles annoncées.
Chasse aux maillons faibles
Quand on place plusieurs piles dans un même appareil, c’est la pièce qui a le moins d’énergie qui détermine l’autonomie du tout. Il est dès lors important que leur qualité soit homogène. C’était le cas pour les Varta Longlife, Energizer Recharge et Sanyo Eneloop, exemplaires sur ce point. En revanche, les M-Power Accu et Varta Power Accu ont obtenu de bien piètres résultats.
Charge initiale
Les produits prêts à l’emploi doivent, comme leur nom l’indique, être directement utilisables à l’achat. Sur ce critère, Energizer Extreme et Varta Power Accu ont affiché des résultats décevants.
Côté stockage, la perte de capacité des piles devrait être faible à court terme. Ce qui n’a pas été le cas des Conrad Energy, qui n’avaient plus que 47% de charge résiduelle après trois mois. Pour ce qui est de la M-Power, ce taux est même tombé à 10%. Quant à leurs cousines «prêtes à l’emploi», la valeur, mesurée cette fois après une année, n’était plus que de 12% pour les Varta Power Accu, bien loin des 80% des Sanyo Eneloop. Varta prétend que ses produits auraient obtenu une capacité de 68% lors de ses propres tests internes. Même son de cloche du côté d’Energizer et de Migros, qui ont également argué que leurs propres mesures étaient différentes des nôtres. Le géant orange nous a toutefois annoncé son intention de faire de nouvelles mesures et promis de nous transmettre une copie des résultats avant la fin du mois de septembre. Mais malgré nos demandes, nous n’avons toujours rien reçu.
Jeannette Büchel / seb
EN DÉTAIL
Les critères du test
Rolf Zinniker, expert à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, a analysé les critères suivants.
> Durée de vie: il s’agissait ici de déterminer si les modèles testés avaient encore 90% de leur capacité initiale après 100 cycles de charge et de décharge.
> Capacité réelle: les piles atteignent-elles réellement la capacité (mAh) déclarée sur l’emballage? Les mesures ont été prises après quatre charges et décharges.
> Perte au stockage: la charge résiduelle après trois mois devrait être de 30% environ pour les piles du tableau de gauche et de 20% à 30% après une année de stock age pour celles «ready to use» (tableau de droite).
> Qualité de fabrication: plusieurs exemplaires de chaque marque ont été testées afin d’évaluer l’éventuelle variation de qualité entre chacun d’eux, révélant ainsi un problème au moment de la production.
> Etat de la charge à l’achat (pour les modèles «ready to use» uniquement): quelle est la charge initiale réelle? Une pile «ready to use» doit être parfaitement fonctionnelle après déballage, sans devoir recourir au préalable à un chargeur.
Jusqu’à six fois moins chères
A première vue, les piles rechargeables sont clairement plus chères que leurs cousines jetables. A l’unité, leur prix moyen tourne autour de 6 fr., alors que les piles classiques se vendent 1 fr. à 2 fr. pièce. A la longue pourtant, elles sont plus économiques, comme le démontrent les calculs de notre spécialiste Rolf Zinniker, basés sur 30 charges. Pour 6 fr., une pile rechargeable de 2000 mAh livre environ 62 ampères-heu res en 30 cycles. Or, il faut 25 batteries jetables de 2500 mAh pour un rendement similaire.
A 1.50 fr. pièce, cela fait un total de 37.50 fr. soit un coût de revient six fois supérieur.
A noter qu’un chargeur de piles exigeant peu de courant, sa consommation n’a pas été intégrée dans le calcul. Il convient néanmoins de tenir compte de son prix d’achat. Ce qui n’est pas un problème, puisque avec quatre piles rechargeables (24 fr.), on couvre les mêmes besoins que 100 batteries jetables (150 fr.). Avec l’économie réalisée (126 fr.), on s’offre facilement un chargeur.