A en croire les offres en ligne, une perceuse, quelques supports en plastique et un arrosoir suffiront pour faire de sa salle de séjour une réplique du Musée du quai Branly, à Paris. Ce bâtiment est un des fleurons du pape des murs végétaux, Patrick Blanc. Jardiniers amateurs, méfiez-vous pourtant: le passage à la verticale est plus complexe qu’il n’y paraît.
Une paroi végétale, c’est un cadre sur lequel est fixé un substrat inerte. Il est composé de deux couches de feutre synthétique imputrescible ou de fibres naturelles. La première couche est pourvue de fentes dans lesquelles s’insèrent les plantes à racines nues. Sur certains modèles, on clique sur le cadre de petits bacs en plastique préformés.
Le tout est irrigué par un système d’arrosage avec bac de récupération d’eau, en circuit fermé. L’eau est additionnée des éléments nutritifs. Le feutre sèche vite et requiert d’être arrosé très régulièrement, d’où la nécessité d’une pompe électrique. Ces kits sont proposés pour moins de 400 fr./m2 sans la verdure.
Au fil du temps, les plantes vont prospérer et offrir un tableau vivant et changeant au gré de leur floraison. Les fabricants promettent que la verdure assainit l’air ambiant et renouvelle l’oxygène, et cela, sans encombrer l’espace comme le font les plantes vertes traditionnelles.
Attention au gel!
En Suisse, la pose de ce dispositif est déconseillée à l’extérieur. Le feutre ne protège en effet pas les racines du gel, si bien que les plantes ne survivraient pas au premier hiver. Rares sont toutefois les jardineries qui se lancent dans l’aventure. Car, à l’intérieur également, plusieurs problèmes se posent.
- Le poids – A partir d’une certaine taille, un panneau imbibé d’eau devient très lourd. Il devra donc impérativement être posé sur un mur porteur, avec un système de fixation robuste.
- L’humidité – On optera pour un matériau imputrescible et on veillera à surveiller l’apparition de moisissures, toxiques dans une pièce à vivre. Si ce devait être le cas, il faudra aérer souvent et adapter le chauffage en conséquence: plus la pièce est fraîche, plus l’humidité aura tendance à condenser.
- L’éclairage – A moins de choisir des plantes vivant dans la pénombre, seules les pièces très lumineuses (grande baie vitrée) éviteront aux feuilles de dépérir. L’idéal est d’avoir une lumière zénithale, faute de quoi il faudra éclairer la paroi artificiellement en hiver.
- L’arrosage – Comme toutes les plantes s’abreuvent au même substrat, on veillera à choisir des espèces ayant des besoins en eau similaires, sous peine de noyer certains plants ou d’en assoiffer d’autres.
- Le remplacement des plants – Lorsqu’une des plantes se meurt, il est difficile de la remplacer sans tout démonter. Sur les kits composés de bacs en plastique, il est impossible de rempoter la plante au fur et à mesure de sa croissance, si bien que les racines deviendront vite envahissantes.
- L’usure du substrat – Les fibres naturelles (sphaigne, coco), ont tendance à se tasser avec le temps, ce qui asphyxie les racines et, par conséquent, les plantes.
Découragées, les jardineries Schilliger ont ainsi retiré de la vente les cadres végétaux qu’elles proposaient. Elles nous ont renvoyés à des spécialistes mettant à disposition des solutions individualisées sur support métallique avec service après-vente. Ces professionnels évaluent l’éclairage, vérifient que le mur puisse supporter la charge, mesurent le taux d’humidité et remplacent les plants au fur et à mesure. Une prestation qui a toutefois un prix élevé pour des particuliers, à partir de 1300 fr./m2. Compter ensuite 50 fr. par mois pour l’entretien!
Pour se consoler, les inconditionnels de verdure se rabattront sur des plantes synthétiques. D’apparence plus vraies que les vraies, elles ont l’avantage d’être légères, donc à la portée de tous les bricoleurs… et d’être très faciles à l’entretien.
Claire Houriet Rime