Un abonnement annuel des transports publics, même au niveau régional, peut vite coûter plus de 1000 fr. Les pendulaires vaudois doivent, par exemple, débourser 1370 fr. pour une carte Mobilis valable dans quatre zones. Dans le canton de Berne, l’abonnement Libero pour six zones atteint 2252 fr. Les personnes ayant un budget serré ne peuvent pas sortir de telles sommes d’un coup. Elles doivent se rabattre sur des abonnements mensuels.
Le hic: ceux-ci reviennent, à l’année, beaucoup plus cher. Les surcoûts peuvent atteindre 68%, comme c’est le cas à Genève. Unireso facture son abonnement annuel 500 fr. Payé par mois, il coûte 70 fr., soit 840 fr. sur l’année. A Fribourg, à Neuchâtel et dans le Jura, l’abonnement annuel équivaut à neuf abonnements mensuels au lieu de douze. Pour ceux qui paient chaque mois, cela représente un surcoût de 33%.
Des différences si exorbitantes que même un crédit à la consommation devient plus attrayant pour se payer un abonnement annuel. Les intérêts effectifs pour les crédits à la consommation ne peuvent, en effet, pas excéder 10%.
Payement par tranches possible à Genève
Les communautés tarifaires expliquent que les abonnements annuels incluent un rabais de fidélité. Mobilis précise que les prix annuels tiennent compte des vacances et fériés, pendant lesquels les titres de transports sont moins utilisés. A Genève, le responsable opérationnel de la communauté tarifaire Unireso, Rémy Burri, souligne que le prix bas de l’abonnement annuel provient d’une volonté politique approuvée par le peuple. Le canton indemnise Unireso pour le manque à gagner. Les pendulaires qui n’auraient pas les moyens de payer 500 fr. d’un coup peuvent payer en quatre tranches de 125 fr., les frais s’élevant à 10 fr.
Taux d’intérêt de 14,9%
Ces différences irritent le Surveillant des prix. Stefan Meierhans était intervenu en 2017. Sa démarche a permis d’obtenir de meilleures conditions pour l’abonnement général CFF. Les personnes voyageant avec un AG mensuel bénéficient, depuis, d’un rabais allant de 5 à 15 fr. à partir du 13e mois.
Monsieur Prix avait appelé les communautés tarifaires à proposer des abonnements annuels payables en tranches mensuelles avec un surcoût de 5% au maximum. Elles n’ont pas suivi. L’argument récurrent: «Cela ne correspond pas à un besoin de la clientèle.» A Neuchâtel, Onde Verte propose le paiement partiel depuis 2021. Toutefois, l’entreprise partenaire pratique un taux d’intérêt de 14,9%.
Les réseaux de transports disent plancher sur de nouvelles formes d’abonnements, plus flexibles. Ils ne précisent pas si la possibilité de payer par mensualités sera proposée.
Petar Marjanovic / Sandra Porchet