On réduit bien souvent ce fruit à ses effets laxatifs. Car il est vrai que des pruneaux secs trempés dans l’eau peuvent faire le bonheur de personnes sujettes à la constipation. Action qui n’est pas due à une richesse en fibres hors du commun, sachant qu’une pomme ou une banane en contiennent davantage. Non, l’explication réside ailleurs.
Premièrement, une bonne moitié des fibres du pruneau est insoluble, augmentant le volume comme la fréquence des selles et accélérant le transit. Deuxièmement, c’est le fruit qui contient le plus de sorbitol, un sucre connu pour ses propriétés laxatives. Et, enfin, il renferme une substance qui booste le transit en stimulant les mouvements de l’intestin: la diphénylisatine.
Bénéfique pour le cholestérol
Mais le pruneau a d’autres particularités, à commencer par sa faible valeur calorique. Frais, il ne contient pas même 10 g de sucre pour 100 g de fruits, soit moins que la pomme ou le kiwi. Mais sa saveur sucrée est renforcée par sa faible teneur en acides organiques. Il n’est pas spécialement riche en vitamine C non plus, puisqu’il en renferme dix fois moins que la mandarine. Même la banane le détrône! Cependant, il est riche en antioxydants (flavonoïdes et bêta- carotène) qui renforcent l’action de la vitamine C. Le pruneau sec était d’ailleurs l’un des aliments favoris des marins pour prévenir le scorbut.
Sec, c’est un concentré de nutriments
Dans sa composition, on trouve aussi des fibres dites «solubles» qui forment une sorte de gel. Celui-ci a la capacité de piéger une partie du cholestérol et de ralentir l’assimilation des sucres. Autrement dit, il améliore le taux de cholestérol et prolonge le sentiment de satiété.
Comme tous les fruits secs, le pruneau est plus concentré en fibres et en nutriments que lorsqu’il est frais. Sous sa forme séchée, il figure parmi les fruits les plus antioxydants. Ces derniers nous protègent des radicaux libres et permettent de réduire les risques de maladies dégénératives (rhumatisme, alzheimer, etc.) ou de cancers.
Même dans les clopes!
L’industrie alimentaire utilise le concentré du jus de pruneau pour diverses applications. Il peut servir d’agent sucrant, de colorant ou de liant dans les barres de céréales. Ce concentré est aussi employé par l’industrie comme additif pour masquer le goût amer du tabac. Lors de la combustion, le sucre du jus de pruneau crée une saveur caramel qui améliore le goût de la cigarette, et contribue ainsi à augmenter la dépendance. La combustion semble aussi produire la formation de substances chimiques cancérigènes, comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Des études sont toujours en cours, sachant qu’il est très complexe de déterminer les effets d’un seul additif parmi tous les produits chimiques contenus dans la fumée des cigarettes.
En revanche, si vous dégustez un lapin, un tajine d’agneau ou, tout simplement, un muffin aux pruneaux, il n’y a aucun souci. Que du plaisir!
Doris Favre, diététicienne diplômée
Langue française
Prune ou pruneau?
En France, la prune est le fruit du prunier. Cet arbre millénaire a subi d’innombrables croisements qui ont donné naissance à plus de 2000 variétés, dont les plus connues, dans nos contrées, sont la reine-claude, la mirabelle et la quetsche. Pour nos voisins, les pruneaux sont des prunes déshydratées. Seules certaines espèces se prêtent à cette opération; la prune d’Ente, par exemple, devient le célèbre pruneau d’Agen lorsqu’elle est séchée.
Notre pruneau fédéral, lui, appartient le plus souvent à la variété de Fellenberg. Helvétisme oblige, on dit qu’il pousse sur un «pruneautier». Mais, pour les Français, il reste une prune, la quetsche, qui pousse sur un prunier!