Laissez les enfants paisiblement écrire leur lettre au Père Noël. Mais découragez-les d’appeler les renseignements téléphoniques pour obtenir son adresse précise à Rovaniemi. Car l’opération pourrait vous coûter plus cher que toute la liste des cadeaux qui font pétiller leurs jeunes mirettes. Et, vu les résultats de notre enquête, il est même probable que ce coup de fil ruineux ne permette même pas d’obtenir l’information désirée…
Gourmand, le 1818
Pour comparer les divers services de renseignements téléphoniques, nous avons appelé à trois reprises les 1811, 1818, 1819 et 1820. Nous avons ignoré les 1802, 1850, 1888 et 1899 qui sont tous reliés au 1818.
A chaque fois, nous avons demandé un numéro de téléphone qui comportait quelques difficultés, que ce soit pour des raisons d’homonymie, d’orthographe particulière ou de lacune dans la requête. Nous avons fourni exactement les mêmes informations aux téléphonistes et chronométré la durée de l’appel.
Ce qui distingue les quatre services, c’est d’abord leur tarification (voir tableau). Le prix forfaitaire de l’appel varie de 1.60 fr. à 1.99 fr. et la minute de 70 ct. à 1.99 fr. Le 1818, popularisé par les deux ahuris en combinaison de ski bleue, est le plus onéreux de tous. Le plus avantageux? Le 1819, à condition que l’on ne reste pas des plombes au téléphone. Car, si l’appel dure plus de cinq minutes, c’est le 1811 de Swisscom qui prend l’avantage avec sa facturation de 22 ct. à partir de la deuxième minute.
Le 1811, rapide et efficace
Lors de notre test, les écarts se sont confirmés: le 1818 s’est montré jusqu’à 165% plus cher que la concurrence pour une seule demande. Au total, les trois requêtes nous ont coûté au mieux 9 fr. (1819) pour grimper jusqu’à 16.91 fr. (+88%) au 1818. Soulignons encore que la minute de conversation est généralement indivisible. Ainsi, un appel qui dure 61 secondes (1’01’’) sera facturé deux minutes. Seul le 1820 comptabilise le temps écoulé à la seconde près.
Les tarifs, c’est une chose. Mais encore faut-il que les prestations tiennent la route. A ce jeu-là, le 1811 de Swisscom a écrasé la concurrence: c’est le seul à nous avoir fourni le bon renseignement à chaque fois, tout en se montrant le plus rapide aussi. Les trois autres numéros ont tous échoué une fois: le 1818 et le 1819 n’ont pas réussi à trouver l’une des informations désirées, alors que le 1820 s’est planté sur l’une des nos requêtes.
Difficultés à raccrocher…
Le plus fâcheux, c’est la tendance de certains services à prolonger insidieusement et inutilement les appels. Nous avons pu le vérifier en feignant d’oublier de raccrocher après avoir pris congé de nos interlocuteurs. Silencieusement, nous avons attendu au bout du fil et chronométré le temps que l’opérateur prenait avant de boucler. Le 1820, qui facture à la seconde, a laissé tourner le compteur dans le vide à deux reprises, à raison de 31 secondes la première fois et de 10 secondes la deuxième! Le 1819 a lui aussi grappillé 18 secondes lors d’un appel, permettant ainsi de le prolonger suffisamment pour qu’une minute supplémentaire soit facturée…
Interrogée sur ce couac, AP Dialog (1820) assure qu’il n’y a pas d’intention volontaire de faire tourner le compteur. «J’ai averti nos téléphonistes de n’attendre que quelques secondes, à l’avenir, et de raccrocher ensuite», commente son directeur Peter Josika. De son côté, Digicall (1819) dit que ses opérateurs ont pour consigne de raccrocher la ligne dès que l’information a été donnée. Instructions qui semblent mal assimilées par certains collaborateurs…
Vu le prix élevé de ces services, on ne peut qu’encourager les consommateurs à s’informer ailleurs. Les annuaires en ligne tels que search.ch ou local.ch, font parfaitement leur travail et se déclinent en application gratuite pour smartphone.
Yves-Noël Grin