Les traders ont trouvé plus fort qu’eux: les robots. Fini les gesticulations et les cris des courtiers à Wall Street. La majeure partie des transactions s’opère dorénavant dans des boîtes grises via des algorithmes informatiques silencieux. Cela s’appelle le «trading à hautes fréquences (HFT)», soit des milliers d’ordinateurs interconnectés qui achètent ou revendent des millions d’actions à la microseconde, en se passant de tout contrôle humain.
Ultrarapides, les circuits imprimés permettent de gagner des milliards. Mais la technique s’avère aussi très dangereuse. En mai 2010, aux USA, les marchés ont soudainement chuté suite à la panique d’ordinateurs qui se sont mis à vendre à toute vitesse. Et ce premier août, à la suite d'un bug d’un de ses robots traders, le courtier américain Knight Capital a provoqué un minikrach et perdu 440 millions de dollars!
Ces cas inquiètent les gouvernements, car le HFT est de plus en plus à la mode. Il représente près des trois quarts des transactions boursières outre-Atlantique et la moitié en France.
Au début d'août, nos voisins français ont donc mis en place une taxation spéciale sur ce type d’opérations. Les Etats-Unis planchent, eux, sur la mise en place de coupe-circuits en cas d’affolement.
En Suisse, si aucune réglementation n’est d’actualité, le HFT représente près de 40% des transactions. Autant dire que nos banques en sont friandes! Le Crédit Suisse s’est d’ailleurs fait amender par le New York Stock Exchange après que son système a bombardé le marché de faux messages. Et, lors de la récente entrée en Bourse de Facebook, c’est UBS qui, selon Reuters, se serait trouvée avec plus de titres que prévu: une bourde des robots traders occasionnant des pertes estimées à pas moins de 350 millions de dollars.