Qui s’expose au soleil devrait se protéger de manière adéquate, quel que soit son type de peau, au risque d’attraper des rougeurs, des cloques, un vieillissement de la peau prématuré, voire un cancer (lire encadré «Bain de soleil: personne n’est à l’abri»). La gamme des produits pour se protéger du soleil ne finit pas de s’étendre. Aujourd’hui, les crèmes, les gels et les lotions doivent faire face à un concurrent de taille, très à la mode cet été: le spray.
Nos partenaires du magazine saldo et de l’émission alémanique Kassensturz ont cherché à savoir si le facteur de protection solaire (FPS) indiqué sur les emballages était fiable. Pour ce faire, ils ont confié dix sprays avec un FPS entre 20 et 30 à un laboratoire qui s’est chargé d’examiner leur pouvoir protecteur contre les rayonnements UVB et les UVA (lire encadré «Les critères du test»). Si ces ultra-violets sont tous les deux accusés d’encourager les cancers de la peau, le premier est surtout responsable des coups de soleil. Quant au second, qui pénètre plus profondément, il peut provoquer des irritations et des rides prématurément.
Le prix ne veut rien dire
Les résultats sont réjouissants, puisque tous les sprays testés protègent suffisamment contre les rayons UVA (voir tableau). Et, sur les dix, neuf respectent aussi la protection UVB déclarée sur l’emballage, qu’il s’agisse du produit Lidl, le moins cher du test (5.99 fr. pour 250 ml) ou du spray Louis Widmer, vendu 35 fr., avec la moitié moins de contenu (125 ml)… Preuve que le prix ne joue aucun rôle en matière de protection solaire.
Imprécisions dans les déclarations
Des inexactitudes ont néanmoins été constatées au niveau des déclarations des UVB: seules les valeurs mesurées dans les sprays Cien Sun, Garnier Ambre Solaire, Piz Buin et Daylong correspondaient à celles mentionnées sur l’emballage. Excepté pour le dernier du classement, aucune pénalité n’a été infligée aux cinq autres, car ces écarts peuvent être vus comme une marge de sécurité pour le consommateur. Celui-ci n’observe en effet pas toujours les recommandations du fabricant et ne se badigeonne pas assez fréquemment ou pas suffisamment.
Dans la cas du Sun Spray, de Denner, où la protection UVB mesurée était trois fois supérieure à celle déclarée, la note finale a été dépréciée. Un constat surprenant pour Grazia Grassi, porte-parole de l’enseigne, qui dit garantir la durée de conservation du FPS en travaillant avec une certaine marge de sécurité, «mais un écart trois fois plus élevé ne peut être expliqué». Alors, certes, la protection solaire de ce produit est garantie. Mais une trop grande teneur en substances filtrantes risque aussi, sur le long terme, d’irriter la peau des personnes sensibles.
Gertrud Rall / mt
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
DANS LE DÉTAIL
Les critères du test
Le Laboratoire de l’Institut Dr. Schrader à Holzminden (D) a évalué dix sprays solaires avec un facteur de protection entre 20 et 30, selon les critères suivants.
- Rayonnement UVB: l’indice de protection solaire indiqué sur le produit (IP ou FPS) se réfère au filtrage des rayons UVB, responsables des coups de soleil. Un indice de 20 signifie qu’on peut s’exposer au soleil 20 fois plus longtemps que sans protection. Le laboratoire a testé les dix sprays conformément à la méthode internationale d’essai SPF 2006, c’est-à-dire en les appliquant sur le dos d’au moins dix testeurs et en mesurant, après différentes durées d’exposition, l’augmentation des rougeurs cutanées.
- Rayonnement UVA: selon les recommandations européennes, la protection contre les UVA doit s’élever au moins au tiers de l’indice indiqué. Pour la calculer (selon la méthode Colipa de 2011), le produit est appliqué sur une plaque de plexiglas transparent. La proportion des rayonnements qui passent à travers est ensuite mesurée, puis comparée au FPS mentionné.
NOUVELLES RECOMMANDATIONS
Bain de soleil: personne n’est à l’abri
Depuis dix ans, la Ligue suisse contre le cancer distingue six types de peaux (du teint pâle du Nord au brun méditerranéen), pour que chacun puisse évaluer la sensibilité de sa peau au soleil. Mais, aujourd’hui, les experts tiennent un autre discours.
Les conseils s’adressent dorénavant à l’ensemble des personnes qui passent leur journée allongées au soleil, tous types de peaux confondus. Aline Binggeli, de la Ligue suisse contre le cancer explique: «Beaucoup de gens voient leur peau plus foncée qu’elle ne l’est réellement.» Par ailleurs, d’autres facteurs, comme le niveau de protection de la crème, le rayonnement solaire, les médicaments pris ou les vêtements portés, rendent un calcul exact impossible.
Conseils pour tous
Les nouvelles recommandations de la Ligue suisse contre le cancer sont donc les mêmes pour tous: rester à l’ombre entre 11 heures et 15 heures, porter un chapeau, des lunettes de soleil et des vêtements de préférence épais et sombres.
Il faudrait aussi opter pour un facteur de protection de 15 au minimum. Une récente étude parue dans la revue «Photodermatology, Photoimmunology & Photomedicine» arrive cependant à la conclusion qu’un tel indice n’est pas suffisant pour se protéger des coups de soleil lors d’une exposition prolongée.
D’autres recherches ont par ailleurs démontré que les gens appliquaient souvent les sprays et les crèmes solaires de façon trop superficielle. Mark Anliker, dermatologue à l’Hôpital du canton de Saint-Gall, conseille alors d’en mettre à deux reprises en l’espace de 30 minutes. Ainsi, seulement, peut-on espérer atteindre l’indice de protection mentionné sur l’emballage.
Enfin, il faudrait appliquer de la crème systématiquement au sortir de l’eau. Celui qui va se baigner deux fois 20 minutes et s’essuie directement après voit l’efficacité de son produit diminuer de plus de moitié. Un fait également valable avec les écrans dits «waterproof».