Les Suisses consomment près de 90 millions de bâtonnets de poisson par an. Aucune réglementation ne fixe leur composition. Les fabricants peuvent donc choisir l’espèce, utiliser des filets ou de la purée de poisson, et décider des parts respectives de chair et de panure.
Nous avons envoyé au laboratoire quinze paquets de bâtonnets achetés en supermarché afin de connaître leur part de poisson. Ce sont les fisch sticks de Volg qui en contiennent le plus, avec une proportion de 68,2%. D’une manière générale, la quantité de poisson était relativement élevée, avec des taux allant de 65% à 68,2% (voir tableau). Seuls les crack sticks de Findus en offrent moins de 60%. Lors de notre dernier test en 2019, la part de panure était plus importante et le poisson ne représentait que 55% à 62% des bâtonnets (lire «16 sticks de poissons congelés: la panade, c’est la panure» sur bonasavoir.ch).
Malgré cette bonne nouvelle, seuls les bio fish sticks de Coop Naturaplan (66,7% de poisson) obtiennent notre appréciation «Bon». La raison? Contrairement aux autres bâtonnets, ils ne contiennent pas de glycidol. Ce contaminant peut se former durant la fabrication d’huiles et de graisses végétales, et se retrouve dans les denrées qui en contiennent. Il est considéré comme cancérigène.
Pas de risque aigu pour la santé
Les Bâtonnets de poisson de la marque Pelican sont les plus contaminés, avec 600 microgrammes de glycidol par kilo (µg/kg). Les différentes teneurs relevées par le laboratoire ne présentent pas de risque aigu pour la santé. Notre rédaction a néanmoins pénalisé les produits concernés d’un demi-point: la présence de glycidol est problématique parce qu’on en retrouve dans différents aliments transformés, induisant un cumul des quantités ingérées. Lors de précédentes analyses, nous en avons découvert, par exemple, dans des nouilles asiatiques, du thon en boîte et de la margarine.
Le vainqueur du test ne contient pas de glycidol. Mais il n’est pas irréprochable pour autant. Les bio fish sticks de Coop Naturaplan sont fabriqués avec des filets de pangasius. Les méthodes d’élevage du pangasius soi-disant bio au Vietnam sont très critiquables (lire «Le pangasius bio… n’est pas bio» sur bonasavoir.ch). Les poissons ne sont pas transformés localement: ils sont transportés vivants sur 120 km avant d’être découpés. Cela peut prendre plusieurs jours. Il y a un peu plus d'un an, Coop nous a affirmé que la durée de transport de dix jours au maximum, autorisée par Bio Suisse, était respectée.
Les méthodes d’élevage n’ont toutefois pas d’influence sur la note globale dans notre test, car nous n’avons pas la possibilité de contrôler les conditions de production sur place. Nous n'avons pris en compte que des critères objectifs mesurables en laboratoire.
Sticks de poisson sauvage
Outre les Coop Naturaplan, seuls les bâtonnets bio Migros de la marque Pelican contiennent du pangasius d’élevage. Les poissons utilisés pour les autres sticks ont été pêchés en mer.
Le WWF estime que 90 millions de tonnes de poissons sont pêchées chaque année. Entre 1970 et 2010, les populations mondiales de poissons auraient ainsi diminué de 50%. La Suisse n’est pas étrangère à ce phénomène. Selon l’Office fédéral de la statistique, 56 000 tonnes de poisson ont été importées en 2000, et plus de 73 000 tonnes en 2022. Cela correspond à plus de huit kilos par habitant.
Bâtonnets labellisés MSC
Presque tous les produits de notre test composés de poisson pêché en mer portent le label MSC (Marine Stewardship Council). Il est recommandé avec réserve par le WWF, qui se montre notamment critique sur la certification de certaines pêcheries. Les produits MSC doivent être élaborés à partir de poissons issus de stocks stables, les fonds marins doivent être préservés lors de la pêche et il faut éviter les prises accidentelles autant
que possible.
Les bâtonnets de poisson panés au cabillaud Wild Ocean sont les seuls produits de la mer qui ne sont pas MSC. Ils portent le label IRF (Iceland Responsible Fisheries). Le cabillaud est pêché individuellement à l’hameçon au large des côtes islandaises. Il s’agit ainsi d’une «pêche côtière durable».
Face à nos résultats, plusieurs fabricants expliquent respecter les limites maximales suisses pour les contaminants comme le glycidol, tout en affirmant s’efforcer de réduire encore les teneurs.
Les bâtonnets de notre test contiennent ces poissons
Pangasius: ce poisson d’eau douce est originaire d’Asie du Sud-Est. Les animaux proviennent d'élevages vietnamiens dans les deux produits testés qui en contiennent.
Colin d’Alaska: il grandit rapidement et se reproduit en nombre. L’espèce est ainsi relativement peu sensible à la pêche intensive, selon le WWF. Les bâtonnets de poisson à base de colin d’Alaska sont les moins chers du test. Dans les gammes bon marché de Coop, Migros, Aldi et Lidl, ce ne sont pas des filets qui sont utilisés, mais de la «purée de poisson», soit des morceaux de poisson issus du désarêtage.
Cabillaud: ce grand poisson à croissance rapide peut mesurer jusqu’à 2 m et peser une centaine de kilos. Dans l’Atlantique du Nord-Est, les stocks sont en déclin, souligne le WWF.