«Souples, flexibles» ou encore «novateurs», les produits structurés sont aujourd’hui présentés avec les mêmes arguments qu’une crème antivieillissement… Or, si rares sont ceux qui espèrent gommer leurs rides en achetant un petit pot miracle, nombreux sont les investisseurs qui croient encore à la poule aux œufs d’or!
La règle d’or en matière de placement est pourtant de ne pas toucher à ce qu’on ne comprend pas. Et, malgré les efforts des banques, les produits structurés (on parle aussi de certificats ou de produits dérivés) restent hermétiques pour le grand public. Tentative de décryptage en sept points.
1 / L’emballage
Un certificat est un emballage imaginé par la banque émettrice pour vendre un produit composé de plusieurs ingrédients, ou sous-jacents (actions, obligations, indices et leurs dérivés). Le rendement est calculé selon des formules mathématiques complexes.
Sur le plan légal, l’acquéreur possède, non pas des actions, mais un papier valeur. Autrement dit, il est créancier de la banque qui achète les titres sous-jacents. Les émetteurs se sont regroupés dans l’Association suisse produits structurés (ASPS)*.
2 / Les risques
L’émetteur – Acheter un produit structuré, c’est faire crédit à la banque émettrice. Celle-ci en répond sur toute sa fortune. Donc, si elle fait faillite, le titre est emporté dans la masse. C’est ainsi que les investisseurs de Lehman Brothers ont tout perdu en 2008.
Les banques proposent, depuis 2009, des «Collateral Secured Instruments» (COSI). Ce mécanisme équivaut à un nantissement qui indemnisera partiellement l’investisseur en cas de faillite.
Les composants – Imaginons un produit adossé au rendement d’un titre. Sa valeur baissera avec l’action. Pour limiter cette perte, l’émetteur peut toutefois prévoir une valeur plancher («floor») en deçà de laquelle le capital est garanti. Mais cette sécurité comporte, en contrepartie, un plafond («cap») qui bloquera aussi le rendement si l’action monte en flèche!
3 / Catégories
L’ASPS a divisé les certificats en quatre catégories selon leur exposition au risque: protection du capital, optimisation du rendement, participation au rendement, levier. Le degré de risque doit figurer sur le prospectus d’information.
4 / Horizon de placement
Un produit structuré comporte toujours une date d’échéance. Si on vend sa part trop tôt, on risque de perdre une partie du capital investi. Il faut donc toujours connaître son horizon de placement à l’achat.
5 / Le rendement
Le rendement, ou coupon, est versé à la fin de chaque trimestre ou année, selon le règlement prévu. Pour le calculer, l'émetteur utilise des formules complexes. Il est soumis au fisc comme le coupon d’une obligation.
6 / Opacité
Les frais d’un certificat ne sont pas transparents, car la banque prélève sa commission sur le rendement. Il est impossible de l’estimer, tant le mécanisme est sophistiqué. De plus, tous les certificats ne sont pas cotés en Bourse, si bien qu’il est difficile de s’informer régulièrement à leur propos.
7 / Débutants s’abstenir
Dans le domaine de la finance, la règle d’or est de ne jamais acheter un instrument qu’on ne comprend pas. Or, même la version «débutants» proposée, en allemand malheureusement, sur le site de l’ASPS*, implique de solides compétences financières.
On l’aura compris: les structurés sont réservés à ceux qui ont le temps de suivre la Bourse et les reins assez solides pour résister à ses aléas. Les autres opteront pour des fonds de placement ou des ETF (lire Tout Compte Fait 8/2012), en veillant à diversifier leur portefeuille.
Claire Houriet Rime
*www.svsp-verband.ch