Les grandes plateformes de streaming ont habitué les utilisateurs à des augmentations de tarifs continues. Netflix vient d’appliquer ses dernières hausses en Argentine, au Portugal, au Canada et aux Etats-Unis. En Suisse, le leader du secteur a déjà renchéri cinq fois les prix en dix ans. Aura-t-on bientôt droit à une sixième majoration?
Netflix, Prime Video et Disney+ se partagent l’essentiel du marché helvétique. L’abonnement Standard Netflix, à 20.90 fr., coûte 62% plus cher qu’à son lancement en 2014, le forfait Prime Video à 9.90 fr. est 53% plus onéreux qu’en 2016, alors que l’abonnement Disney+ le moins cher sans publicité, à 14.90 fr., a grimpé de 51% depuis 2020. Quant à l’inflation, elle n’a atteint que 6& en moyenne en Suisse entre 2014 et 2024.
Les plateformes de streaming se portent bien. Le bénéfice net de Netflix a doublé au 4e trimestre 2024, passant à 1,87 milliard de dollars. Disney+ et Prime Video sont rentables, et leurs groupes Disney et Amazon continuent d’accumuler les gains.
Coûts réduits au minimum
Netflix indique que ses tarifs peuvent évoluer selon l’inflation dans le pays de destination, les conditions de marché et l’ajout de taxes ou de réglementations locales. Prime Video mentionne plus précisément la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) payée dans de nombreux pays européens, et perçue également par la Suisse depuis 2025.
Reste que les abonnements suisses sont, de loin, les plus chers au monde. Bon à Savoir a comparé avec les Etats voisins (voir tableau): les écarts de prix pour les trois grandes plateformes de streaming se sont encore creusés, sans raison économique valable. Les loyers ou les salaires helvétiques, certes particulièrement élevés, n’ayant qu’un impact mesuré sur un service essentiellement numérique.
Les taxes ne sauraient, non plus, expliquer cette différence. Au contraire: la TVA sur le streaming se monte à environ 8% en Suisse. Bien moins que les plus de 20% demandés par la Norvège ou la Belgique. Pourtant, pour un abonnement standard à une plateforme, les Suisses paient un surcoût de +77% à +101% par rapport aux Norvégiens, et de +48% à +260% par rapport aux Belges. De même, la part des recettes qui doit être investie dans le cinéma suisse (4%) est souvent inférieure à celle requise par d’autres pays européens pour leur industrie nationale, comme l’Italie ou la France. Alors que les Suisses paient leur abonnement au streaming sensiblement plus cher que ces voisins.
Le pouvoir d’achat
a bon dos
Comme d’autres multinationales, les plateformes de streaming disent s’aligner sur le pouvoir d’achat des consommateurs dans chaque pays. Ce facteur est notamment mis en lumière par l’«indice Big Mac», établi par le magazine britannique The Economist, qui compare le prix d’un Big Mac dans différentes zones géographiques: ce hamburger étant un produit standardisé, son prix devrait, en théorie, être équivalent. La réalité en va autrement, ce qui révèle un coût de la vie plus ou moins élevé et des disparités de pouvoir d’achat d’une région à l’autre.
La quantité de films et séries sur les plateformes de streaming est aujourd’hui assez semblable entre la Suisse et ses voisins (lire «Nos conseils»). Nous avons comparé les différences de prix pour un abonnement standard avec le fameux indice Big Mac. Résultat: le surcoût pour le streaming en Suisse est souvent deux fois plus élevé, voire davantage, en comparaison avec les surcoûts appliqués sur un sandwich.
Exemples:
➛
Comparaison France-Suisse: +34% pour le Big Mac, +65% pour l’abonnement Netflix
➛
Comparaison Norvège-Suisse: +20% (Big Mac), +101% (Netflix)
Même en prenant l’indice plus pointu des niveaux de prix dans le domaine des loisirs, selon les derniers chiffres de la Commission européenne, les écarts de prix du streaming avec la Suisse sont le plus souvent supérieurs de 20% à 60%, et parfois bien plus.
Interrogés sur les différences de tarifs entre les pays pour un abonnement standard, Netflix, Prime Video et Disney+ n’ont pas daigné répondre. Les gouffres constatés entre prix en Suisse et prix à l’étranger restent donc sans véritable
explication.
Economisez sur vos films et séries
➛ Cherchez la plateforme de streaming qui propose le plus pour votre argent. Selon le site Justwatch, qui recense le contenu des plateformes par fournisseur et par pays, le nombre de films et séries Netflix atteint entre 7600 et 7900 titres en Suisse et chez nos principaux voisins. Pour Prime Video, le total évolue entre 6000 et 7500 titres. Et pour Disney+, entre 2450 et 2750 titres. Des différences mineures entre les pays, mais plus marquées d’un service de streaming à l’autre.
➛ Limiter son abonnement à un ou deux mois sur l’année (par exemple en hiver) et visionner les nouveautés sur un temps limité. Les plus motivés combineront plusieurs courts forfaits. Partager un abonnement permet aussi de réduire sa facture.
➛ Les plateformes ne se gênent pas pour promouvoir du contenu disponible pour les seuls clients français ou allemands. Récemment, c’est arrivé avec la saison 2 de la série «Bref» sur Disney+: de nombreux Suisses se sont abonnés pour la visionner mais ont été déçus. Utilisez un VPN et accédez au contenu d’autres pays, à un bien meilleur prix: selon un comparatif 2025 du site comparitech, NordVPN, Surfshark et IPVanish (de 3 fr. à 6 fr. par mois) sont les plus efficaces. Attention, les VPN gratuits ou moins chers se font souvent bloquer par les
plateformes.