L'utilisation d'un téléphone portable à l'étranger coûte très cher aux consommateurs suisses. La faute aux trois opérateurs nationaux qui refusent de s'aligner sur les plafonds européens, en baisse progressive depuis 2007. Ils estiment ne pas pouvoir y être contraints tant que la Suisse n'aura pas signé un accord bilatéral avec les 27.
Les cas de la Norvège, du Liechtenstein et de l'Islande démontrent cependant qu'un alignement est possible. En effet, ces trois pays, qui sont certes membres de l'EEE mais ne font pas partie de l'UE, ont bel et bien adopté les directives des 27. Résultat: leurs ressortissants paient des tarifs de communication nettement moins élevés que les abonnés suisses lorsqu'ils sont à l'étranger.
50% de moins au Liechtenstein
Prenons, par exemple, le Liechtenstein. Un client d'un opérateur de la Principauté paie 49 ct. un appel sortant et 15 ct. un appel entrant. Un SMS lui revient à 15 ct. et 1Mb téléchargé lui est facturé 2.95 fr. En comparaison, selon les statistiques de l'Office fédéral de la communication (OFCOM), un Suisse en séjour dans l'UE paie en moyenne 1.15 fr. l'appel d'une minute, soit deux fois plus cher que son voisin. De même, un appel entrant lui revient à 55 ct., un SMS à 40 ct. et 1Mb téléchargé vaut 4.60 fr.
Selon nos estimations, cet écart tarifaire permet aux trois opérateurs suisses réunis de facturer aux abonnés suisses la bagatelle de 280 millions francs supplémentaires.
Facturation à la minute
A ces tarifs de roaming distincts, s'ajoute une autre inégalité de traitement: alors que les directives communautaires imposent une facturation à la seconde au-delà des 30 premières secondes, les opérateurs suisses appliquent le forfait par minute. Ainsi un appel de 3 minutes et 5 secondes est arrondi à 4 minutes! De quoi alourdir la note globale des Helvètes d'environ 14%, selon un rapport de l'OFCOM, et générer un revenu de 50 millions de francs pour les opérateurs.
Au total, Swisscom, Orange et Sunrise demandent donc quelque 330 millions de francs supplémentaires à leurs abonnés. Les opérateurs contestent ces chiffres, prétextant qu'ils sont basés sur les données 2009 et 2010 de l'OFCOM. Il faut cependant rappeler que les tarifs n'ont que peu évolués, alors que le nombre d'appels, lui, n'a cessé d'augmenter!
L'astuce du jour
Détail surprenant: sachez que pour bénéficier des tarifs en vigueur au Liechtenstein, il suffit de signer un contrat avec un opérateur de la Principauté. L'abonné reçoit alors sa facture libellée en francs suisses, sans frais supplémentaires. Seule contrainte: le contrat doit être signé au Liechtenstein.
Christian Birmele
Roaming: pétition déposée le 15 juin Berne
En seulement cinq semaines, 55'860 citoyens ont signé la pétition lancée par le magazine des consommateurs Bon à Savoir et ses partenaires alémaniques K-Tipp et saldo.
Le texte a été remis le 15 juin, à Berne. Les 55'860 signataires attendent de la Conseillère fédérale Doris Leuthard qu'elle impose aux opérateurs suisses les tarifs maximaux en vigueur dans l'Union européenne.
A l'heure actuelle, Swisscom, Orange et Sunrise ne sont pas tenus à ces limites et facturent jusqu'à trois fois plus cher des prestations pourtant identiques. L'exemple le plus significatif vient d'Orange, présent dans certains pays de l'UE, mais qui n'hésite pas à facturer 2 fr. la minute un appel de la Grèce vers la Suisse, alors qu'un client d'Orange France ne paie, lui, que 55 ct. (et même 50 ct. dès le 1er juillet) cette même minute en direction de l'Hexagone. Détails dans le tableau comparatif des tarifs.
330 millions de trop!
Selon nos estimations, les consommateurs suisses paient chaque année 330 millions de francs de trop aux opérateurs (lire ci-contre). Il est donc indispensable que la Confédération impose l'adoption des tarifs maximaux de l'UE.
«En sa qualité d'actionnaire majoritaire de Swisscom, la Confédération se doit d'intervenir, par l'entremise de Doris Leuthard, cheffe du Département fédéral de la communication, pour imposer à l'opérateur historique une baisse des tarifs au 1er juillet 2011 et satisfaire ainsi la volonté des consommateurs suisses», a indiqué René Schuhmacher, éditeur des magazines «Bon à Savoir», «K-Tipp» et «saldo», lors de la remise de la pétition.