Le ministre de l’Intérieur, Manuel Vals, a sérieusement fait tituber l’éthylotest. Le 23 janvier, il a annoncé que les automobilistes n’avaient plus besoin de disposer d’un tel appareil dans leur véhicule jusqu’à nouvel avis. Une étude du Conseil national de la sécurité routière (CNSR) devrait livrer ses conclusions prochainement. C’est sur cette base que le gouvernement Hollande se prononcera sur la pertinence de l’éthylotest rendu obligatoire sous Sarkozy…
Fiabilité en cause
«Le seul principe qui doit nous guider, c’est l’efficacité pour atteindre un objectif: réduire le nombre de morts sur la route», a déclaré Manuel Vals. Or, les divers tests qui ont été effectués prouvent que les éthylotests donnent des résultats trop souvent fantaisistes. Dans notre enquête (lire «Ethylotests: «Le Ballon» ne manque pas d’air», BàS 5/2012), seul celui de Contralco avait tiré son épingle du jeu. Et le comparatif récemment publié par nos confrères du magazine Que Choisir (1/2013) conclut qu’un appareil sur deux est carrément défaillant.
Ce qui est certain, c’est que le projet français n’a cessé de vaciller depuis son entrée en vigueur, le 1er juillet 2012. Il promettait des amendes (11 €) à tous les automobilistes qui ne disposeraient pas d’un éthylotest dès 1er novembre dernier. Puis, la pénurie de ballons avait obligé le gouvernement à repousser l’introduction des sanctions au 1er mars 2013. Avant que Manuel Vals n’annonce un report sine die qui ressemble fort à un enterrement de deuxième classe…
Il fait foi en Suisse
En Suisse, l’éthylotest va prendre du grade, mais pas dans la même direction (lire notre actu online du 24 janvier*). En mai 2012, le Parlement a accepté la généralisation de l’éthylomètre dans les contrôles de police au lieu de la prise de sang qui est obligatoire au-delà de 0,8‰ d’alcoolémie. La piqûre restera toutefois ordonnée dans trois cas: soupçon que l’incapacité de conduire n’est pas imputable à l’alcool, impossibilité de faire souffler l’intéressé ou sur demande de ce dernier. Dans ce cas, les frais d’environ 400 fr. seront à sa charge. Le Conseil fédéral n’a pas encore fixé la date de son entrée en vigueur.
Yves-Noël Grin
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