Retirer de l’argent au bancomat: un geste anodin que la plupart des Suisses effectuent quotidiennement ou presque. Bernard Fays n’est pourtant pas près de l’oublier.
Récemment, notre lecteur a voulu faire un retrait avec une carte Maestro BCV (Banque Cantonale Vaudoise) dans une succursale à Yverdon-les-Bains. Impossible, toutefois, de composer le code PIN, car la carte a été subitement avalée. «C’est du moins ce que j’ai pensé sur le moment, explique notre lecteur, celle-ci arrivant bientôt à échéance. J’en ai déduit que le bancomat l’avait récupérée et que je devais utiliser la nouvelle. Ce que j’ai fait.»
Toutefois, au moment de consulter son compte e-banking, Bernard Fays constate une dizaine de prélèvements suspects, pour un montant total de plus de 17 000 fr.! Sa carte bancaire n’a donc pas été avalée, on la lui a volée! «Un jeune homme se trouvait près de moi. Voyant que j’avais quelques soucis, il m’a proposé son aide. Ce que j’ai refusé. Je suppose que ma carte a été dérobée à ce moment-là», se rappelle Bernard Fays. Il informe alors immédiatement la BCV qui bloque la carte. Notre lecteur pense qu’il sera totalement indemnisé. Il se trompe.
Dommages maximums
La banque accepte en effet de ne couvrir que les montants dérobés à hauteur de 7494.40 fr., la somme qui excède les limites journalière et mensuelle de sa carte Maestro, fixées à 5000 fr. chacune. Les débits intervenus au-delà n’auraient, en effet, pas dû être autorisés. Le solde, soit 10 000 fr., est à sa charge. Car les conditions générales de la carte Maestro, derrière lesquelles les établissements bancaires se retranchent, précisent, en effet, que la banque couvre les dommages qui résultent d’une utilisation abusive de la carte par des tiers, mais pour autant que le titulaire du compte débité n’ait pas commis de négligence. Or, si un voleur a pu se procurer le code NIP et le composer sans se tromper, c’est forcément que le client s’est montré imprudent! Mais, même en cas d’agression, la banque ne serait donc pas non plus tenue de rembourser les clients… La plupart d’entre elles se disent pourtant prêtes à faire preuve de compréhension dans une telle situation (lire notre article «Agressé, mais pas forcément tondu» TCF 1/2012).
Connaître ses limites
En cas perte ou de vol, en revanche, elles sont généralement peu disposées à transiger. La plus grande prudence s’impose dès lors avant et après avoir retiré de l’argent à un bancomat (lire encadré). D’autant que de nombreux clients ne sont pas toujours conscients des risques que représente une limite journalière de retrait élevée, usuellement fixée à 5000 fr. Si un malfrat se procure votre code, il pourra alors se servir allégrement jusqu’à concurrence de la limite mensuelle fixée. Et, s’il n’y en a aucune et pour autant que le solde du compte soit suffisant, «un voleur peut donc retirer 150000fr. par mois, et ce, jusqu’à ce que le vol soit découvert et la carte bloquée», rappelle le site internet de l’ombudsman des banques! Lequel recommande d’abaisser la limite journalière, puisqu’il est peu probable qu’un client ait besoin de retirer une telle somme d’argent plusieurs jours d’affilée.
Chantal Guyon
Pour éviter les mauvaises surprises
Modifier le code PIN reçu avec la carte. Le changer régulièrement ensuite.
Eviter les mots de passe trop simple comme 1,2,3,4 ou sa date de naissance.
Ne jamais noter le code ni le conserver à proximité de la carte ou le communiquer à un tiers.
Cacher le clavier du bancomat avec sa main au moment de composer son code et s’assurer que personne ne se tient derrière soi.
Vérifier scrupuleusement ses relevés bancaires et avertir immédiatement la banque en cas de débits suspects.
Faire immédiatement bloquer la carte en cas de perte ou de vol. Idem si le distributeur l’avale. Conserver avec soi les numéros de téléphone de la banque et de la centrale de blocage des cartes.