Pour cent briques t’as plus rien! La boutade ne fait plus rire grand monde à Genève, où il est devenu mission impossible de dégoter un appartement en propriété par étages (PPE) de 4 pièces et demie* à moins de 1 million (voir le tableau). Et encore, à condition de chercher dans les communes périurbaines de Vernier, Meyrin, Onex ou Plan-les-Ouates. Si l’on aspire à rejoindre la bonne société nichée sur la colline de Cologny, il faut compter autour de 1,8 million! Et, pour amarrer son logis sur la rive gauche du «lac de Genève», prévoir au bas mot 1,4 million, plus de 1,5 million pour le centre-ville.
«Les prix de la PPE, et du reste de l’immobilier, ont tout bonnement doublé en 10 ans», confirme Philippe Sormani, président du Centre d’information et de formation immobilières (CIFI). La propriété est plus que jamais hors de portée des classes moyennes.
Marché perpétuellement saturé
Contrairement aux années 1980, la spéculation immobilière ne serait pas (seule) en cause. Les raisons sont, encore et toujours, à chercher du côté d’un marché perpétuellement saturé. D’une part, le canton est coincé dans un espace exigu – en dépit des efforts déployés pour créer la région le «Grand Genève» – faisant grimper les prix des rares terrains disponibles. D’autre part, la demande est gonflée par le dynamisme de l’économie qui attire chaque année de nouveaux habitants en provenance de France et des cantons avoisinants.
A ces raisons macroéconomiques, Christophe Aumeunier, secrétaire général de la Chambre genevoise immobilière, ajoute une dimension de politique locale: la législation sur le logement, extraordinairement rigide à ses yeux, découragerait les investisseurs de construire. Il observe, par ailleurs, une «mutation sociologique» depuis une dizaine d’années: les personnes qui ont les moyens d’accéder à la propriété seraient plus nombreuses à céder aux charmes des centres urbains animés, plutôt qu’aux plaisirs solitaires de la villa à la campagne.
Quoi qu’il en soit, Philippe Kaufmann, économiste à Credit Suisse, met en garde les aspirants propriétaires. S’il ne craint pas un effondrement du marché de la PPE, le niveau actuel des prix n’est, dit-il, pas «durable». Tôt ou tard, les taux d’intérêts hypothécaires vont remonter et les prix subiront une correction. Une correction qui pourrait frapper, par contrecoup, les propriétaires imprévoyants…
Philippe Chevalier
*Considéré comme un 5,5 pièces selon la terminologie genevoise.
Pour aller plus loin:je deviens propriétaire
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
Bien choisir son appartement
Le choix d’un appartement en PPE ne doit jamais se faire sur un coup de tête, au risque de le payer très cher. Et très longtemps… Une fois s’être assuré de ses capacités financières, il faut procéder méthodiquement.
- Lister ses besoins: il est indispensable d’identifier les besoins des futurs occupants: taille de la cuisine, du jardin, des espaces communs, nombre de chambres, de WC, etc. On n’oubliera pas la venue éventuelle de nouveaux enfants ou, au contraire, leur départ du nid familial.
- Choix du lieu: outre la question du prix et du taux d’imposition de la commune, on se demandera si on veut une vie citadine ou campagnarde. La question des infrastructures (école, commerces, médecin) est cruciale également. De même que l’offre des transports publics, surtout si on envisage de se passer d’une ou de deux voitures.
- La qualité de l’appartement: sur place, on observera la situation de l’appartement: vue, bruit, ensoleillement. On vérifiera l’état général du bâtiment (toiture, chaufferie, ascenseurs notamment) en privilégiant les modes de construction qui ont fait leurs preuves. On demandera, enfin, la liste des rénovations effectuées à l’administrateur.
Un appartement type de 4,5 pièces
Le Centre d’information et de formation immobilières (CIFI) a calculé le prix moyen d’un logement de 4,5 pièces sur un étage, bien orienté, dans un bâtiment de sept logements construit en 2009.
L’immeuble est de bonne facture et jouit d’une situation favorable dans la commune.
La surface habitable nette est de 120 m2 avec deux salles de bain, un balcon de 25 m2 et une place de parc dans un garage souterrain séparé. La part de copropriété est de 159 pour mille.