C’est pour 2.90 fr. que Georges Lopez a trouvé, chez Landi, des lunettes loupes tout à fait adaptées à ses besoins: «Inutile de dire qu’elles sont parfaites pour la lecture», nous précise-t-il. C’est à se demander alors quel est l’intérêt d’aller dépenser dans une autre enseigne une somme rondelette pour le même genre d’article.
Pour Patrice Kull, opticien diplômé et membre du comité central de l’Association suisse de l’optique (ASO), il est difficile d’expliquer ces grands écarts de prix. On suppose que certains modèles, fabriqués au plus simple, sont standardisés, produits en masse et soumis à une politique de prix libre. Mais quel que soit leur prix, ces loupes ne sont pas comparables à des vraies lunettes de lecture.
Ce genre d’articles convient aux personnes exclusivement affectées par une même presbytie aux deux yeux liée à l’âge. C’est ce que Gabriele Thumann, chef du Service d’ophtalmologie des HUG, appelle l’œil «parfait». Pour celles et ceux qui ont d’autres problèmes de vue, porter de telles loupes n’est pas la panacée, bien qu’elles ne péjorent pas la vue. Maux de tête, fatigue, manque de confort sont les risques encourus quand la correction n’est pas optimale, soulignent les deux spécialistes. Pratiques pour une lecture brève (carte de restaurant, etc.), ces
lunettes devraient donc être cantonnées au rôle de «dépannage».
Dépistage vers 45 ans
Dans l’idéal, Gabriele Thumann conseille de préférer des verres progressifs avec des corrections parfaitement ajustées à chaque œil. «Mais le choix dépend finalement de la qualité de vision que chacun recherche», ajoute-t-elle. De son côté, Patrice Kull estime qu’on devrait tous faire un contrôle de la vue à partir de 45 ans, même si on a l’impression d’avoir une bonne vue, pour détecter à temps d’éventuels problèmes. Et, si le diagnostic montre que l’œil est imparfait, le choix d’une vraie paire de lunettes peut justifier un investissement supérieur à 2.90 fr.
Camille Degott