Jean-Pierre Bloch dénonce: «On nous vend l’équivalent d’un pot de confiture dans un baril.» Par curiosité, ce lecteur de Bon à Savoir a ouvert une cartouche d’encre Hewlett Packard (modèle HP C6578D couleur). Pour constater, que l’encrier qu’il avait payé 69 fr. n’était rempli qu’à un tiers de sa capacité.
Explication en catamini
Or, il s’est révélé impossible d’obtenir une explication claire et officielle de Hewlett Packard sur ce phénomène. Selon toute apparence, l’entreprise est très accaparée par sa fusion avec Compaq...
Toutefois, un collaborateur de la marque, qui a souhaité garder l’anonymat, évoque une raison technique: «Il faut un vide dans la cartouche pour créer la pression, qui fait jaillir l’encre.» Cet argument semble peu convaincant aux yeux de Stéphane Meyer, responsable des ventes pour la Suisse romande chez Lexmark: «Pour des raisons de marketing, il existe dans nos gammes de produits des cartouches plus ou moins remplies, reconnaît-il. Et je doute que HP propose une technologie diamétralement différente.»
En effet, Lexmark vend des encriers «high capacity» et «home capacity», dont la taille et la forme sont similaires puisqu’ils s’adaptent aux mêmes imprimantes, mais dont le contenu est prévu pour des usages plus ou moins fréquents. «Inutile d’acheter une cartouche «high capacity» plus chère, quand on imprime peu, explique Stéphane Meyer. Car l’encre a tendance à sécher et on risque de devoir changer l’encrier avant qu’il ne soit vide.»
Difficile de comparer
Reste que la confusion régnant autour de cette cartouche reflète bien le marché des consommables. On le sait: si le prix des imprimantes est dérisoire, les fabricants se rattrapent sur celui des cartouches d’encre. Il serait donc utile de pouvoir comparer les prix des encriers, avant d’opter pour une marque (ou un modèle). Or, c’est impossible! Car, à l’exception du prix, il n’y a souvent rien d’indiqué sur l’emballage. Pour savoir combien de pages on est censé pouvoir imprimer avec une cartouche, il faut demander la fiche technique au vendeur. Et, même avec cette information, on n’est guère plus avancé...
On déplore
En effet, le nombre de pages imprimables reste une donnée très théorique et, en général, surévaluée: «Elle se fonde sur une densité moyenne d’impression de 5%, ce qui est très peu par rapport à ce que les gens impriment», remarque Ernest Imhof, directeur de Digitoner, entreprise spécialisée dans le recyclage des cartouches. Même une lettre commerciale remplit souvent plus que 5% de la page. Sans parler d’une photo, qui la recouvre à plus de 80%! Enfin, il existe, sur le marché des imprimantes, deux technologies différentes, difficilement comparables au niveau des coûts d’utilisation: celles qui intègrent la tête d’impression dans la cartouche, par conséquent plus chère. Et celles qui séparent cartouche et tête d’impression, qu’il faut remplacer séparément.
En conclusion, il n’y a malheureusement rien d’autre à faire que déplorer l’obscurantisme qui règne sur ce marché, dont quelques grandes marques détiennent le monopole.
Sophie Reymondin