En Suisse, il n'y aurait que 84 places de parc pour mille voitures, soit le plus faible taux en Europe! C'est la conclusion à laquelle arrive l’Académie de la mobilité, institut fondé en 2008 par le Touring Club Suisse (TCS). Parmi les facteurs expliquant cette pénurie, l’institut pointe notamment le grand nombre de places privées, aux mains de particuliers ou d’entreprises, qui restent inaccessibles même lorsqu’elles ne sont pas occupées.
Pire en Suisse qu’ailleurs?
Il convient toutefois de relativiser ces chiffres. Car si l’Allemagne s’en tire bien (183 places pour 1000 voitures), nos deux autres grands voisins ne sont guère mieux lotis: la France plafonne à 86 places et l’Italie à 89. Il faut dire que la forte densité du plateau suisse – 450 habitants au km2 – ne facilite pas la libération d’espaces destinés au parcage des véhicules. De plus, la Suisse est dans le peloton de tête des pays européens au plus haut taux de motorisation. Avec 532 véhicules pour 1000 habitants en 2012, seuls les Italiens et les Finlandais font mieux. Or, une tendance généralement observée est que plus le taux de motorisation augmente, plus la moyenne de kilomètres parcourus par véhicule est faible, ce qui laisse penser que les 4,26 millions de voitures de tourisme immatriculées en Suisse en 2012 roulent moins que leurs homologues européennes. Cette hypothèse se confirme d’ailleurs lorsque l’on compare les moyens de déplacement privilégiés: si 49% des trajets des Suisses en 2010 ont été effectués en transports individuels motorisés (deux-roues compris), le taux grimpe à 65% pour nos voisins français, pour la seule voiture.
Parquer sur des places privées
Il n’en reste pas moins que le faible nombre de places de parc publiques disponibles complique la vie des automobilistes. Ceux qui ne disposent pas d’une case privée doivent consacrer du temps et de l’énergie à en chercher une, ce qui occasionne, selon l’Académie de la mobilité, de la pollution et un important trafic supplémentaire dans les centres urbains. Etonnamment, l’institut ne réclame pas une augmentation du nombre de places, mais appelle à une révolution en matière de gestion des espaces de parcage, afin d’améliorer leur efficacité. Il propose en premier lieu la généralisation des bourses d’échange de places privées, afin de faciliter l’accès à des parkings d’entreprises ou de particuliers aux heures où ceux-ci n’en ont pas besoin. Aujourd’hui, deux sites internet – qui disposent tous deux d’une application mobile – permettent déjà de louer un emplacement privé pour une heure ou une journée en quelques clics: parkit.ch et parku.ch.
Une autre idée, qui pourrait favoriser les détenteurs de véhicules compacts: «Les conducteurs de voiture paieraient des frais de stationnement différents en fonction de la taille de leur véhicule», proposait la section Waldstätte du TCS ,en juin 2013.
Vincent Cherpillod