Le 18 mai dernier, nous avons relevé les meilleurs prix de 44 produits en Suisse romande. Une démarche que nous répétons régulièrement, en ne tenant compte – exclusivement et exceptionnellement – que du prix des produits, sans considérer leur qualité ou leur origine.
Nos enquêteurs se sont donc rendus simultanément chez les sept principaux distributeurs pour relever le coût des articles qui remplissent notre caddie type, inspiré par le panier de la ménagère composé par l’Office fédéral de la statistique (voir tableaux en pages 43 et 45). Ils l’ont fait le même jour chez Aldi (Bussigny), Lidl (Gland), Coop, Migros et Denner (Crissier), Casino et Manor (Lausanne).
Ils se sont mis dans la peau du consommateur cherchant donc exclusivement le meilleur prix pour chaque produit disponible dans les rayon ce jour-là. Ils ont veillé au respect des quantités souhaitées: lorsqu’un ou plusieurs emballages ne permettaient pas d’arriver au poids recherché, le prix a été pondéré pour rendre la comparaison possible. Exemple: le prix de 450 g de mozzarella vendu 4.50 fr. a été pondéré à 4 fr. pour permettre la comparaison avec les 400 g retenus dans notre liste.
Prix différents à la caisse
Résultats: Lidl, qui vient de faire son entrée sur le marché romand, se place sur la première marche du podium, talonné par Migros (+ 0,8% plus cher que Lidl), Aldi (+ 4,3%) et Coop (+ 5,8%). Denner, Casino et Manor ferment la marche avec des différences bien plus importantes. Interpellés, les distributeurs réagissent diversement à leur classement. Manor indique qu’il s’assurera d’une meilleur visibilité des produits d’entrée de gamme dans ses points de vente. Casino promet d’être plus concurrentiel à l’avenir (lire ci-dessous). Denner regrette que nous ayons relevé les prix dans les rayons, car «il peut y avoir des différences avec les prix réels, à la caisse»!
Pour seule réaction, Coop avance les résultats d’un sondage indépendant portant sur 2210 produits et qui la placerait devant Migros en termes de prix (– 0,5% en moyenne, début mai!)
Cassis de Dijon
Notre dernier comparatif du même sytle, effectué en 2007, révélait Aldi en première position. Or, cette fois, le discounter allemand n’arrive qu’en 3e place, derrière Migros. René Rohner, porte-parole d’Aldi, ne se laisse pas démonter: «On fera mieux la prochaine fois! Les différences de prix varient d’un jour à l’autre. En revanche, il est certain que les discounters que nous sommes ont apporté une bénéfique pression sur les prix en Suisse.»
Si l’impact sur les prix d’Aldi et de Lidl est indéniable, la révision de la loi sur les entraves techniques au commerce (LETC) devrait poursuivre ce mouvement baissier. L’application du principe du Cassis de Dijon permettra en effet – dès le 1er juillet – de vendre directement en Suisse des produits commercialisés dans l’Union européenne. Sauf exceptions, ces biens ne devront plus satisfaire au préalable aux prescriptions helvétiques, généralement plus strictes. Selon les autorités fédérales, cette révision pourrait entraîner des économies de plusieurs milliards de francs par année sur les importations en provenance de l’UE.
Interpellés sur ce point précis, les grands distributeurs se montrent hésitants et surtout très prudents: «Des études devront être menées ces prochains mois», répondent-ils presque en chœur. Seul Casino prend les devants: «Il y aura des baisses très rapides durant le second semestre de l’année», affirme Yvan Maistre, acheteur de produits frais et surgelés, restant toutefois discret sur les autres secteurs.
Denner, rodé aux importations parallèles pour les parfums et quelques produits cosmétiques, annonce aussi de futures baisses de prix.
Zeynep Ersan Berdoz