En novembre 2014, nous révélions le quasi lancement d'un projet de biomonitoring à l’échelle nationale. L'objectif: évaluer la quantité de produits chimiques à laquelle la population est exposée. Ce mercredi 10 mai 2017, le Conseil fédéral a donné son feu vert, autorisant enfin l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) à lancer son projet pilote. Nous y reviendrons plus en détail dans Bon à Savoir.
En parallèle, un comité apolitique lançait en novembre dernier, l’initiative populaire «Pour une Suisse libre de pesticide de synthèse» qui doit récolter 100 000 signatures d’ici au 29 novembre 2018. Peu médiatisée, cette démarche citoyenne prône l’abolition des pesticides de synthèse dans l’agriculture suisse, mais également l’interdiction d’importer des produits étrangers qui en contiennent. De quoi raviver le débat sur les dégâts causés par ces substances chimiques sur l’environnement et sur la santé publique.
Comme nous le relevons régulièrement dans nos tests, les pesticides sont désormais partout. On en retrouve aussi bien dans nos assiettes que dans l’air que nous respirons. Selon Annick Chevillot, auteure du guide pratique «Poisons au quotidien», quelque 220 000 tonnes sont épandus chaque année en Europe.
Les enfants lourdement contaminés
Parmi les nombreux pesticides utilisés, certains sont des perturbateurs endocriniens avérés. Et comme le montre une enquête menée par le magazine français 60 millions de consommateurs, leur contamination est pour le moins inquiétante: jusqu’à 54 molécules toxiques ont été décelées dans les cheveux d’un seul enfant! Et la moitié des 43 filles et garçons (entre 10 et 15 ans) examinés étaient concernés par trois substances problématiques. Il s’agit de l’hydrazide maléique (herbicide), du fipronil (antiparasitaire pour les animaux) et de l’azoxystrobine (fongicides).
Comme le rappelle 60 millions de consommateurs, ces molécules toxiques ont des effets particulièrement délétères sur les enfants. Ils sont suspectées de perturber le développement normal de leur organisme dès la vie in utero, avec des répercussions à la naissance en entraînant prématurité, malformations congénitales, diminution du poids des bébés, etc.
Dans ce contexte, le feu vert donné au projet de biomonitoring national est une bonne nouvelle. La phase pilote du projet devra non seulement permettre de valider les infrastructures et les procédures nécessaires, mais également d'évaluer la participation des volontaires au programme national. Un pas important vient d'être franchit, mais la route est encore longue... S'il aboutit, ce projet permettra de combler les lacunes de la Suisse par rapport à d’autres pays européens. Bon à Savoir suit ce dossier de très près.
Noémie Desarzens