Plus d’un million de conifères enguirlandés ornent les salons des ménages suisses, chaque année. La majorité vient du Danemark, d’Allemagne et des Pays-Bas (lire encadré). D’où des trajets pas très favorables à l’environnement. Mais alors, si on ne souhaite pas renoncer à la tradition, quel sapin faut-il choisir pour minimiser l’impact écologique?
Sapins suisses et étrangers
Pour l’association des propriétaires forestiers ForêtSuisse, la réponse est claire: «Les arbres de Noël indigènes sont, en général, produits de manière beaucoup plus respectueuse de l’environnement que leurs concurrents étrangers.» Explications de Rahel Plüss, porte-parole: «Nos plantations sont plus petites. Nous utilisons donc beaucoup moins de pesticides et d’autres substances auxiliaires. De plus, le transport est plus court et les arbres, coupés peu de temps avant la vente, ne sont pas stockés dans des chambres froides énergivores.» A noter que ce commerce n’engendre pas de déforestation: la plus grande partie de la production helvétique provient de cultures agricoles (600 ha). La petite part issue des forêts est coupée à l’occasion d’éclaircies normales ou cultivée sous les lignes électriques où les arbres ne peuvent pas pousser en hauteur.
On tourne autour du pot
Et les versions en pot, loués ou vendus? Le site sapinsgenevois.ch vante ses produits plantés et cultivés à Genève, bio et écologiques, «car récupérables et destinés à être replantés de nouveau pour servir encore à Noël les trois prochaines années».
ForêtSuisse adopte une position critique face à ce genre d’offre. L’association estime que «la plupart des arbres viennent de l’étranger». De surcroît, les pertes seraient élevées car les sapins supportent mal de passer plusieurs jours au chaud dans les salons et d’être replantés ensuite. Concernant la location, l’association estime que l’utilisation d’un camion pour livrer et reprendre un arbre plusieurs fois n’est pas une démarche très bénéfique pour l’environnement.
Arbre artificiel: positif après 20 ans
Face à ces controverses, on peut se demander s’il n’est pas préférable d’opter pour un beau conifère… en plastique! Ce peut être le cas si on l’utilise très longtemps. Une étude réalisée par la société canadienne ellipsos, en 2009, avait conclu qu’il faut conserver son modèle artificiel plus de 20 ans pour obtenir un bilan carbone favorable face à son cousin naturel.
Qu’en pense Sébastien Humbert de la société Quantis, spécialisée dans l’évaluation des impacts environnementaux? L’entreprise n’a jamais fait d’étude sur les arbres de Noël. Notre interlocuteur rappelle toutefois que l’empreinte bilan carbone du sapin lui-même est neutre: sa combustion ou son compostage ne dégagent pas plus de CO2 qu’il n’en a absorbé en poussant. Le transport, de même que l’utilisation d’engrais et de machines agricoles peuvent, en revanche, faire exploser le bilan carbone. Quant aux imitations plastique, leur conception elle-même nécessite des hydrocarbures. «Cinq kilos de plastique, c’est cinq kilos de pétrole», résume Sébastien Humbert.
Pour le spécialiste, le calcul comparatif est complexe, car il doit prendre en compte de nombreux paramètres, susceptibles de varier considérablement (trajets, élimination, etc).
Astuces pour le bon choix
A défaut de savantes équations, on peut tout de même optimiser son choix facilement: «Si l’on veut un sapin naturel, il est judicieux de préférer un produit local bio qu’on achètera sans consacrer un trajet spécifique en voiture, mais, par exemple, en faisant ses courses. Et si l’on préfère un modèle artificiel, il faut le garder le plus longtemps possible», résume Sébastien Humbert.
Enfin, on peut aussi fabriquer son propre «sapin» soi-même en utilisant des palettes, des branches mortes, des livres ou même des photos disposées en forme de conifère contre un mur. Internet regorge de sites sur le sujet.
Et, finalement, relativisez. Le cabinet ellipsos concluait en 2009 que, «indépendamment du genre d’arbre choisi, les impacts sur l’environnement sont négligeables en comparaison d’autres activités, comme l’utilisation d’une automobile».
Sébastien Sautebin
Migros et Coop, production locale d’abord
Selon ForêtSuisse, entre 40% et 45% des sapins de Noël seulement sont de production indigène. Les deux géants orange ont des taux plus favorables: chez Migros, 70% sont suisses et 30% proviennent du Danemark. Le détaillant ne propose pas de sapins bio, mais a fixé des «lignes directrices écologiques» avec les producteurs. Coop, de son côté, affirme proposer 85% de conifères helvétiques, le reste étant danois. Le distributeur a établi, en 2016, ses propres directives pour ses fournisseurs suisses. Elles incluent une utilisation durable de pesticides, la promotion de la biodiversité et la préservation de la fertilité des sols. «De surcroît, 10% de nos sapins sont bio et portent le label Oecoplan, certifié par Bio Suisse», précise Andrea Bergmann, son porte-parole.